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Intervention de Guy Teissier

Réunion du 28 janvier 2009 à 15h00
Autorisation de prolongation de cinq interventions des forces armées à l'étranger — Débat et votes sur une déclaration du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuy Teissier, président de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, comme vous le savez, les opérations extérieures dont nous débattons aujourd'hui marquent nettement l'engagement de la France au profit de la paix et de la sécurité internationales. Elle assume ainsi pleinement ses responsabilités de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.

Notre influence internationale, quoi que puissent en dire certains, est réelle. J'en vois plusieurs preuves. Si l'ONU se tourne aussi souvent vers nous, si nos partenaires européens comptent sur nous, si des pays en crise attendent un engagement de notre part, c'est parce que nous sommes prêts, précisément, à assumer ces responsabilités. Notre connaissance du terrain, notre capacité à être à l'écoute des populations locales et de leurs représentants, ainsi que notre capacité à nous engager de manière neutre sont aujourd'hui unanimement reconnues.

En Afrique, notre engagement en faveur de la prise en main par les Africains de leur propre sécurité témoigne clairement de notre respect de leur souveraineté. Je regrette, à cet égard, que notre collègue Lecoq soit déjà parti.

Notre approche commence à porter ses fruits, notamment grâce à la mise en oeuvre du programme RECAMP, que nous avons initié et qui se place délibérément sous l'égide de l'ONU, en harmonie avec l'Union africaine. Il dénote clairement notre volonté de confier aux Africains la responsabilité du maintien de la paix sur leur continent.

Si l'on examine précisément la situation en Côte d'Ivoire, on ne peut que se féliciter de la réussite de cet engagement, qui permet aujourd'hui d'alléger notre dispositif, lequel comporte actuellement 1 800 hommes. Il ne faudrait sans doute envisager de révision importante du format de nos forces qu'après l'élection présidentielle, comme cela a d'ailleurs été dit par plusieurs orateurs. Malheureusement, l'absence de date pour la tenue de cette élection montre que la situation n'est pas encore tout à fait stabilisée. De ce fait, je considère qu'il est possible d'alléger notre dispositif de manière significative – le Premier ministre a parlé tout à l'heure de presque la moitié des effectifs –, mais il me semble prudent de prévoir éventuellement de le renforcer à nouveau si les perspectives électorales venaient à le justifier.

Je ne voudrais pas évoquer la Côte d'Ivoire sans souligner le courage de nos soldats, qui ont souvent été exposés dans les années passées à des situations très difficiles, notamment à Abidjan en novembre 2004, où ils ont été confrontés à une foule manipulée et très hostile, au point de mettre leurs jours en danger. Ma pensée va d'abord à nos soldats tués en novembre 2004 dans le bombardement de Bouaké, au centre du pays.

J'en viens maintenant à l'EUFOR, pour souligner la réussite de cette mission dans un contexte très difficile, du fait de la situation au Soudan. Notre débat intervient moins de deux mois avant l'expiration du mandat de l'EUFOR. Le Secrétaire général de l'ONU tient au respect de l'échéance initialement fixée à mars 2009, mais il n'est cependant pas exclu que nous devions prolonger notre présence quelque peu, pour faire le lien avec les forces de l'ONU qui devraient prendre le relais.

Je voudrais aussi souligner l'importance de l'opération Épervier. Aujourd'hui, les militaires français stationnés à N'Djaména et à Abéché assurent deux missions essentielles, dans le cadre de l'accord de coopération signé entre la France et le Tchad. Ils garantissent la sécurité des ressortissants français expatriés au Tchad et apportent au gouvernement légal tchadien aide et coopération sur le plan de la formation militaire et du soutien technique.

Il ne faut pas oublier, par ailleurs, que les missions de reconnaissance aérienne menées par les avions du dispositif Épervier participent à la sécurisation des camps de réfugiés au Tchad. Le démantèlement de l'opération Épervier aurait donc des conséquences particulièrement fâcheuses sur la stabilité régionale. Autrement dit, tant que la situation au Soudan ne sera pas stabilisée, je considère que notre présence dans ce dispositif déjà ancien aura son importance, l'impact de cette crise pouvant être fort sur ce grand pays qu'est le Tchad. Nous ne pouvons pas prendre le risque de voir la situation se dégrader au Tchad, au point que puisse s'y établir un régime qui serait caractérisé par l'intolérance, voire le refus de toute modernité.

Enfin, quelques mots sur l'opération Boali, qui n'est pas de la même dimension. Cette opération a montré qu'avec un très faible effectif – 230 hommes à peine –, la France pouvait contribuer à la stabilité politique de la République centrafricaine. Le soutien technique, administratif et financier que nos militaires ont pu apporter à la force multinationale de la FOMUC a grandement facilité la tâche de celle-ci. Il faut rappeler que la FOMUC participe à la sécurisation de la République centrafricaine et à la restructuration des forces armées de ce pays. Elle accompagne le processus de stabilisation en soutenant la normalisation des institutions et la relance économique, ce que nous ne pouvons que soutenir. Compte tenu du faible effectif engagé dans cette opération, la question de son format ne me semble pas devoir constituer un enjeu de notre débat. Je considère que la poursuite de cette opération ne peut bien sûr qu'être soutenue.

Je vous propose maintenant de changer de continent, pour évoquer notre opération au Kosovo. Nous pouvons nous réjouir de la stabilisation de cette région. Toutefois nous devons rester extrêmement vigilants, compte tenu des soubresauts qu'elle pourrait encore connaître, n'ayant pas atteint le degré de stabilité de la Bosnie-Herzégovine.

La création d'une armée kosovare, la semaine dernière, le 21 janvier, par les autorités kosovares, suscite une forte colère des Serbes. Il est sans doute trop tôt pour identifier tous les risques qui y sont attachés. Il nous faut donc faire preuve de prudence. Tout à l'heure, M. le Premier ministre a annoncé notre volonté d'alléger ce dispositif, actuellement fort de 2 000 hommes.

Je considère cependant que si cet allégement est envisageable, il doit être précédé d'une évaluation de la situation sur place, dans la perspective des autres opérations en cours – je pense à MINUK et à EULEX – et surtout d'une concertation avec nos alliés. D'un côté, il est bon d'enlever sans doute des hommes en armes et d'un autre côté d'y amener davantage de police, de gendarmes et de justice.

Enfin, je terminerai par le Liban. Nous ne pouvons que nous féliciter de la réussite de la FINUL 2, qui a grandement contribué à l'arrêt des combats entre Israël et les miliciens du Hezbollah, à la dépollution des villages et des champs, au retour des populations déplacées et à la reconstruction des infrastructures essentielles au fonctionnement du pays.

Cependant, le désarmement de la milice chiite et l'assurance pour Israël que sa frontière nord ne serait plus menacée ne viendront pas de la FINUL 2, mais de l'approfondissement de l'accord politique national. C'est cela qui devrait nous permettre d'alléger notre dispositif, fort actuellement de 1 800 hommes.

Avant la crise de Gaza – ou plutôt sans la crise de Gaza –, j'aurais clairement pris position pour une réduction de notre dispositif. Cependant, au moment où la situation est encore plus qu'incertaine dans la bande de Gaza, il me semble nécessaire de ne pas envoyer de signal susceptible d'être interprété comme un désintérêt de notre pays pour cette région, notamment en direction des Iraniens, dont nous savons qu'ils soutiennent militairement à la fois le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza.

Sur les accords de défense, j'ai entendu dire que le Parlement aurait été insuffisamment informé.

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