Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Gérard Longuet

Réunion du 9 novembre 2011 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2012 — Défense

Gérard Longuet, ministre de la défense et des anciens combattants :

Monsieur le président, mesdames, messieurs les députés, c'est un très grand honneur pour moi de monter à la tribune pour répondre aux rapporteurs, au président de la commission et aux orateurs sur le budget de la défense, qui est, en effet, le dernier budget du premier mandat du Président de la République, Nicolas Sarkozy. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Je voudrais remercier l'ensemble des intervenants pour la qualité de leurs propos et surtout pour l'intérêt qu'ils portent à la défense nationale, à l'ensemble de la communauté militaire, des personnels civils et militaires, et notamment à ceux qui sont exposés dans les opérations extérieures aux risques les plus grands. Ils seront tous sensibles aux mots qui leur ont été adressés, en termes de solidarité et de reconnaissance.

De même, les mots utilisés pour signaler l'importance de l'engagement français dans le cadre de l'opération Licorne et sa conclusion heureuse, les efforts conduits sur le terrain afghan, la réussite de l'opération Harmattan soulignent une caractéristique de notre République, souvent méconnue de nos compatriotes, y compris d'ailleurs des responsables politiques - je veux parler de la clarté de nos institutions, avec l'identification d'un responsable : la Constitution indique très précisément que le Président de la République est le chef des armées et donne ainsi à la France une autorité particulière dans l'ordre international. Je puis en témoigner avec beaucoup de franchise, pour exercer ces responsabilités depuis peu de temps, mais pour les avoir exercées dans des périodes de crise. Nos institutions en Europe nous placent dans une position de responsabilité qui retient l'attention des autres pays européens, parce qu'ils savent que la France est en mesure de prendre, par la clarté même de son dispositif constitutionnel, des engagements rapides. Les Européens se tournent donc naturellement vers elle, pour connaître sa décision.

C'est avec le Parlement que se construit une armée car, si la Président de la République est le chef des armées, il met en oeuvre des moyens auxquels, par votre vote, vous apportez la réponse technique. Il n'y a pas d'armée non plus sans loi de programmation et il n'y a pas d'armée sans une ténacité, une continuité, une persévérance dans un effort qui a été précisément défini.

Presque tous les intervenants ont reconnu la validité du Livre blanc comme socle de discussion, même si nous savons les uns et les autres – c'était, en 2008, dans son esprit même – que sa réactualisation doit être engagée. Elle le sera, comme prévu, au printemps 2012. Il n'est pas sans intérêt de rappeler cette date. Ce sera l'occasion, comme l'ont souligné nombre d'intervenants, d'ouvrir un débat national. Nous avons déjà travaillé sur le contexte stratégique de la réflexion nouvelle de réactualisation du Livre blanc.

Défendre un budget, c'est défendre une continuité. En matière de défense, rien ne peut se faire dans l'improvisation. Tous les orateurs se sont calés sur la loi de programmation et se sont demandé si nous étions ou non dans cette ligne. La réponse est très clairement oui.

Je remercie notamment M. Jean-Michel Fourgous, rapporteur spécial de la commission des finances, qui a dû s'absenter compte tenu de contraintes inhérentes à sa circonscription. Dans son intervention très passionnée. Il a rappelé qu'il y avait dans ce budget une cohérence liée à un effort de long terme.

M. Louis Giscard d'Estaing, lui aussi rapporteur spécial de la commission des finances, a porté une attention toute particulière, que je salue, aux travaux du ministère de la défense pour mettre son fonctionnement en adéquation avec les observations de la Cour des comptes. Nous nous efforçons d'être dans cette ligne.

Vous avez, monsieur le rapporteur, rendu hommage à la stabilité du budget, évoqué une volonté politique ; elle correspond à nos institutions. Vous êtes mieux placé que personne pour connaître la responsabilité toute particulière du Président. Vous avez salué l'arrivée des recettes exceptionnelles – ce qui est une façon de démentir le pessimisme structurel affiché – qui sont au rendez-vous. Vous avez évoqué, comme l'ensemble des intervenants, les OPEX. Je note votre « valeur ajoutée » sur le sujet très particulier de l'escadron de transport, d'entraînement et de calibration. Le décret est en préparation, il supprimera la contribution obligatoire de 30 % au budget général. Le ministère de la défense se réjouit à cet égard du soutien de la Cour des comptes et des parlementaires. Il aura permis d'obtenir une disposition réglementaire satisfaisante.

La communication de la Cour des comptes sur les systèmes d'information et de communication du ministère de la défense me permettra de rappeler à ceux qui ne connaissent pas complètement les contraintes du ministère de la défense, ce qui n'est pas le cas des parlementaires présents et certainement pas du rapporteur spécial, que nous sommes, chaque année, l'un des grands recruteurs. Nous organisons chaque année une mobilisation de jeunes qui acceptent de signer, par contrat, un engagement majeur, dont on peut reconnaître qu'il revêt, à bien des égards, un caractère exceptionnel.

Cette politique de formation a deux objets : renforcer la cohérence interne de la défense en établissant une solidarité entre tous ceux qui participent à l'effort de défense, quel que soit leur degré d'exposition, et intéresser ceux qui sont à l'extérieur, qui peuvent nous rejoindre et dont nous avons besoin.

Les problèmes posés par M. Fourgous, que nous retrouvons dans d'autres interventions, y compris dans celle d'Alain Rousset, sont parfaitement légitimes, notamment le Pod Reco-NG. C'est un sujet très technique, il n'est pas oublié, notamment dans les crédits d'études.

Votre intervention, monsieur le rapporteur Jean-Michel Boucheron, était très mesurée. Je l'ai appréciée pour son équilibre. Je suis cependant en désaccord sur un point : le retrait trop lent en Afghanistan. Nous ne sommes pas dans ce pays par hasard ou par erreur. Nous sommes membres d'une coalition qui a le projet ambitieux de faire émerger un État de droit dans cette partie du monde trop longtemps meurtrie par une guerre civile permanente, entretenue par des forces extérieures. Nous avons, certes, le devoir de respecter et de préserver l'intérêt de nos combattants – l'effort d'équipement réalisé a été salué d'ailleurs à gauche comme à droite –, mais nous devons participer, comme membre de la coalition et solidaire de celle-ci à un débat politique d'ensemble sur l'avenir de l'Afghanistan. Ce n'est pas à nous de régler notre régime de retrait, si l'on excepte l'effort particulier engagé de 2008 à 2011 ; nous devons bâtir, à l'intérieur de cette coalition, une stratégie de long terme pour l'Afghanistan. Le sérieux de votre rapport m'oblige à vous répondre aussi sérieusement sur un sujet qui n'est pas strictement de ma compétence, mais qui est plutôt de celle du ministre d'État.

En ce qui concerne le fiasco de l'Europe de la défense, les pays européens n'ont effectivement pas la même sensibilité aux questions de défense. Si la Grande-Bretagne et la France ont le sens tragique de l'histoire et en tirent les conséquences en termes d'équipements et de mobilisation des hommes, cette singularité n'est hélas pas suffisamment partagée. Vous avez tout à fait raison d'évoquer le difficile problème de l'AGS et de la DAMB. Ces sujets nous éloignent des dispositions budgétaires, mais ayez la certitude, monsieur le rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères, que nous sommes complètement mobilisés sur ces sujets.

Monsieur le rapporteur Yves Fromion, votre satisfecit pour l'effort de renseignement me va droit au coeur. C'est en effet une des missions du Livre blanc : anticiper, savoir, connaître. Nous nous en donnons les moyens, merci de le rappeler et de souligner que le programme 144 est respecté, notamment pour tout ce qui concerne la recherche et développement.

Le « creux de l'espace » évoqué par Alain Rousset s'explique. Nous sommes entre deux satellites, HELIOS et MUSIS. Il y a en effet, non un passage à vide, mais une diminution, car nous ne sommes plus dans le système HELIOS et nous ne disposons pas encore de la montée en puissance totale du dispositif MUSIS.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion