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Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 25 octobre 2011 à 17h00
Commission des affaires économiques

Pierre Lellouche, secrétaire d'état chargé du Commerce extérieur :

Je vous remercie pour ces nombreuses questions, et je prie ceux que j'ai pu choquer par des propos incisifs d'accepter mes excuses. Je crois néanmoins qu'il faut regarder les choses en face. S'il n'était pas convenable, c'est-à-dire en état, il y a de ça quelques années, notre appareil de vente devient acceptable. Désormais, il reste à faire un véritable effort pour structurer l'offre de produits et de services français pour l'exportation.

M. le rapporteur, la COFACE remplit de mieux en mieux les missions de service public qui lui sont confiées mais qui ne constituent qu'une partie de ses activités. Je rappelle qu'il s'agit d'une entreprise privée. Elle fait des bénéfices importants grâce à d'autres activités – essentiellement assurancielles, notamment en Asie. Pendant longtemps, son activité a été centrée sur les grands groupes, mais la COFACE accorde une attention croissante au PME. La prime acquittée par celles-ci a diminué de 25 % ; de plus sa mise en réseau avec Oséo permet de leur proposer des produits financiers adaptés.

Le manque de salons constitue une autre faiblesse de l'économie française. Vous avez indiqué, avec raison, que de tels salons sont particulièrement répandus en Allemagne. Les choses, là-bas, se font très naturellement : ce sont les chambres de commerce ou les grands groupes qui réunissent les acteurs, ce qui explique qu'ils n'aient pas besoin d'un ministre du commerce extérieur. Leur organisation à l'exportation est traditionnellement puissante, la nôtre est encore à inventer ! Face au manque d'implication des acteurs privés français, la puissance publique doit impulser ce mouvement. Ubifrance prend ainsi à sa charge l'organisation de nombreux salons.

Notre industrie agro-alimentaire est une perle. La croissance démographique de notre planète est constante, nous atteignons les sept milliards d'habitants. Comment peut-il se faire que la France perde 3 % de part de marché dans ce secteur ? L'explication est très simple : chacun est content dans son coin. L'industrie agro-alimentaire française tient encore d'une vision digne d'Ernest Lavisse. C'est l'histoire de France vue par les Gaulois !

Je ne peux évidemment me satisfaire de ces résultats. Il y a une telle demande mondiale de produits français que nous ne devrions pas atteindre six milliards d'euros d'excédent commercial dans ce secteur, mais le double. Élu des huitième et neuvième arrondissements de Paris, dans lesquels se trouvent les grands magasins, je suis bien placé pour savoir que les touristes chinois sont fous de produits français. Mais je me suis rendu dans des salons en Asie, et je n'ai guère trouvé de traces de ces derniers.

Les produits « haut de gamme », comme les grands vins de Bordeaux, n'ont aucune peine à trouver des débouchés. Ils sont même vendus, en Chine, avant d'être produits. En revanche, les petits producteurs sont incapables de vendre à l'étranger s'ils ne s'organisent pas. Pour tout vous dire, leurs produits, aussi excellents soient-ils, ne dépassent même pas la frontière de leur département… Dans le vin par exemple, l'entrée de gamme est dévastée car elle ne résiste pas à la concurrence de pays comme l'Espagne, l'Italie, l'Argentine, l'Afrique du Sud, et d'autres encore. Prenons exemple sur l'Italie, qui mène une véritable politique de filières. À New York, on trouve dans l'immeuble « Eataly » tous les produits de la gastronomie italienne avec des restaurants. Le jour où un tel immeuble verra le jour, à New York ou à Tokyo, pour promouvoir les produits français, je considérerai que j'aurai rempli ma mission. La France demeure engluée dans des querelles de boutique, entre la maison Sopexa et la maison Ubifrance, ou entre certaines régions. Au final, c'est le contribuable qui paie, mais nous sommes incapables de nous entendre pour structurer l'offre française à l'exportation.

M. Brottes, vous m'avez interpellé sur les prix de l'énergie pour les entreprises. Les voici : le prix moyen du gaz vendu en France est de 3,85 centimes d'euros par kilowattheure, contre 4,53 centimes d'euros par kilowattheure en Allemagne. Le prix de l'électricité est de 8,01 centimes d'euros par kilowattheure, contre 12,26 centimes d'euros par kilowattheure en Allemagne. Ces chiffres, datant de 2010, sont extraits d'une étude publiée en 2011.

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