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Intervention de Michel Liebgott

Réunion du 7 septembre 2011 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2011 — Article 3

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Liebgott :

En prolongement des propos deM. Jean-Marc Ayrault, je voudrais dire qu'on peut comprendre, à un moment ou à un autre, que l'esprit de solidarité fasse appel aux plus fortunés. Il faut faire preuve de solidarité, et faire payer, non pas les « riches » en tant que tels, mais ceux qui en ont les moyens, parce qu'ils se trouvent être détenteurs d'un patrimoine ou d'un revenu important.

Mais nous sommes ici dans une situation tout à fait différente : il s'agit de taxer des gens qui n'ont rien demandé, qui sont victimes parce qu'à un moment ou à un autre de leur existence, ils tombent malades, ou qu'ils sont confrontés à une situation pénible dans leur travail. Nous savons les risques, y compris psychosociaux, que comportent certains métiers. Je suis originaire d'une région dans laquelle les mineurs de fer et de charbon ont payé un lourd tribut à l'édification d'une industrie nationale, et il est particulièrement choquant d'imaginer que ceux-là mêmes qui sont déjà victimes, parce que leurs conditions de travail ont été terribles, vont subir une double peine. Ils vont devoir payer parce qu'ils sont malades du fait de leur activité professionnelle.

De la même manière, je pourrais évoquer le dossier de l'amiante. Ceux qui sont atteints de maladies résultant de l'exposition à l'amiante ne l'ont pas demandé. Nous sommes finalement dans une situation où ceux qui ont une génétique qui n'est peut-être pas favorable, et qui de surcroît ont rencontré des conditions de travail défavorables, vont devoir payer une deuxième fois pour leur santé. C'est profondément immoral.

C'est d'autant plus immoral que, nous le savons, l'espérance de vie moyenne d'un cadre est de sept ans supérieure à celle d'un ouvrier. Nous devrions plutôt nous employer à réduire cet écart qu'à l'accentuer. Or cette mesure va forcément l'accentuer, puisque la principale action que l'on puisse mener est une action de prévention, par un système de sécurité sociale tel qu'on l'avait imaginé en 1946, et amélioré par les mutuelles. Aujourd'hui, le système de 1946 est en train d'être démantelé, et nous allons porter atteinte, par ce doublement de la taxation, au système complémentaire. C'est dire à quel point ce système est inique et à quel point nous portons là une attaque définitive au système de santé français. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)

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