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Intervention de Alfred Marie-Jeanne

Réunion du 29 juin 2011 à 15h00
Souhaits de bienvenue à une délégation étrangère — Article 2, amendements 96 97

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlfred Marie-Jeanne :

Je parle d'expérience. Et c'est enfoncer une porte ouverte que de dire que je suis moi aussi très favorable à la coopération dans la Caraïbe.

Ces amendements, ce n'est pas un pas en avant ; c'est une récupération. Les textes disent très bien : la France a le statut de membre associé de l'Association des États de la Caraïbe « au titre de la Guyane, de la Guadeloupe et de la Martinique ». C'est dans les statuts : de facto, si la France est présente, c'est grâce à nous. Qu'on ne vienne pas me dire autre chose !

Dans les faits, savez-vous ce qui s'est passé ? On m'invitait très souvent, dans la Caraïbe ; les collègues de la Martinique le savent très bien, quelles que soient nos divergences sur d'autres sujets.

Mais il est arrivé, à plusieurs reprises, que l'on oublie de m'inviter aux réunions qui se tenaient dans la Caraïbe en présence des représentants français ; on oubliait, tout simplement, d'inviter le président que j'étais !

Ce n'est pas une discrimination ; c'est un comportement, que j'ai dénoncé. Les pays de la Caraïbe – dont je connaissais très bien les chefs d'État et de Gouvernement – sont donc, sans créer d'incident diplomatique, passés au-dessus de la tête des ambassadeurs et des consuls pour nous envoyer directement une invitation à participer aux travaux.

J'y allais, et plusieurs fois je me suis trouvé assis dans un coin – humilié ; le consul, l'ambassadeur, discutaillaient sans même prendre notre avis. Or, dans une telle situation, notre point de vue sur la défense de nos intérêts peut ne pas être le même que celui de la France.

Un jour, je me suis trouvé là-bas avec l'ancienne présidente du conseil régional de la Guadeloupe – madame la ministre, je ne veux pas faire de généalogie – et, pardonnez-moi l'expression, un kankan a pété ! l'expression n'est pas de moi, mais de votre propre mère. La situation était devenue tout à fait intenable !

Un exemple fera comprendre les difficultés que nous rencontrons. L'ancien président de la Guyane Antoine Karam était un jour assis à la table officielle pour signer un document sur le tourisme durable ; la télévision était là ; et à ce moment-là, à ce moment précis, le représentant de la France vient lui dire de quitter la table car c'est lui, le diplomate, qui va signer. Je n'ai pas besoin de vous dire le scandale que cela a causé !

C'est pourquoi je dis au rapporteur et à Mme la ministre : faites attention.

Depuis ce temps-là, lorsqu'on m'invitait, j'étais assis à la table officielle ; l'ambassadeur, ou le consul, était assis à côté de moi, et nous échangions nos points de vue. Les choses ont donc évolué ! Et maintenant, alors que notre action – la mienne, celle d'Antoine Karam, celle de Mme Michaux-Chevry et des autres – a débloqué la situation, vous voulez récupérer, embrigader, corseter.

C'était au point qu'un des États de l'AEC a modifié le règlement pour nous permettre, en tant que département, d'être associés directement aux débats qui avaient lieu. C'est ainsi que j'ai eu l'occasion d'être invité à maintes et maintes reprises au Conseil des ministres de l'AEC, et même aux réunions de chefs d'État, sans pour autant être chef d'État.

Vous niez la réalité, et c'est parce que vous niez la réalité que nous n'avançons pas. Nous n'avions pas entrebâillé, mais défoncé cette porte qui était fermée ; elle est ouverte, ne la refermez pas.

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