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Intervention de Laurent Wauquiez

Réunion du 15 juin 2011 à 16h45
Commission des affaires étrangères

Laurent Wauquiez, ministre auprès du ministre d'état, ministre des affaires étrangères et européennes, chargé des affaires européennes :

Madame Bourragué, un pays a très bien géré la question des bateaux de la mort : c'est l'Espagne, qui est l'exemple à suivre en la matière, car elle a accompagné sa politique de fermeté d'une politique de coopération avec le Maroc et le Sénégal, en vue de régler le problème à la racine. Il est en effet déjà trop tard lorsque les bateaux arrivent à proximité des rives européennes. Outre qu'il faut montrer aux migrants qu'ils peuvent construire leur avenir dans leur pays, il convient également de les arrêter avant leur départ, afin de leur éviter toute prise de risques, y compris mortels, et de mettre fin à l'exploitation de leur détresse.

La solution réside, je le répète, dans une politique de coopération très étroite avec les pays de départ. L'Espagne a donné un message d'espoir : quand on se rappelle les images très dures d'affrontements communautaires dans le sud du pays, ou dans le sud du Portugal, il y a encore cinq ou six ans, il s'agit là d'une belle réussite.

Monsieur Philippe Cochet, votre question est délicate car il est difficile de faire un choix. N'oublions pas que le premier pays du Maghreb auquel l'Union européenne a accordé un statut avancé, c'est le Maroc. C'est lui qui entretient les relations les plus étroites avec l'Europe.

La Tunisie présente, quant à elle, un double intérêt. Elle a tout d'abord immédiatement demandé à l'Union européenne d'accélérer les négociations sur le statut avancé et c'est un devoir pour la France d'insister auprès des services de la Haute représentante, Catherine Ashton, et de la Commission européenne, pour que l'Europe respecte sa promesse de boucler les négociations avant la fin de l'année. La Tunisie a pour second avantage d'être un pays de taille modeste : les euros que nous y investissons y ont un véritable effet de levier. C'est donc là que les révolutions arabes ont la meilleure chance de réussir la transition démocratique. Il faut, indépendamment de nos liens historiques, approfondir le partenariat avec ce pays pour construire une réussite collective. Du reste, un grand nombre de nos partenaires européens – l'Italie, l'Espagne, la Grèce… – entretiennent avec lui des liens très forts.

Monsieur Caresche, les propos que j'ai déjà tenus vous auront convaincu, j'en suis certain, que, s'agissant de l'Union pour la Méditerranée, je suis favorable au renforcement de l'appareillage européen. La Haute représentante et la Commission ont donc vocation à assurer la coprésidence « nord » de l'UPM. Nous avons également intérêt à miser sur la dimension européenne en matière de financement. Toutefois, cette vocation et cette dimension européennes n'excluent nullement, comme a eu raison de le rappeler M. Myard, le maintien de notre approche bilatérale, qui est très forte notamment avec le Maroc et la Tunisie. Nous n'allons pas renoncer à notre histoire !

Il n'en reste pas moins que l'UpM, pour convaincre, ne doit pas être perçue comme un outil antieuropéen mais comme un outil profondément proeuropéen. Le temps nous a d'ailleurs permis de lever certaines incompréhensions initiales.

Madame Fort, nous avons intérêt à discuter avec la Turquie et à développer avec elle une analyse convergente. Nous ne pouvons par exemple tenir pour rien le souvenir de l'Empire ottoman, qui s'étendait jusqu'à la moitié de l'Algérie. L'histoire a donc créé des liens importants entre la Turquie et toute la rive sud de la Méditerranée. Il est vrai, cependant, que ce pays joue parfois sa propre partition et que nos analyses peuvent diverger. C'est la raison pour laquelle il faut tout faire pour que son action s'inscrive le plus possible dans une vision commune. Le fait pour lui de proclamer son attachement à la démocratie va dans la bonne direction.

Madame Saugues, j'ai apprécié votre question, qui était très directe. J'y répondrai qu'en matière de droits, tout compte : les partenariats des collectivités locales comme la mobilisation du mouvement associatif, notamment des associations qui oeuvrent pour la promotion des femmes. Il ne faut pas oublier non plus l'action des parlementaires et je suis heureux que vos deux commissions montrent l'exemple. Vous avez un rôle décisif à jouer dans l'apprentissage de la démocratie. Nous sommes nous-mêmes l'aboutissement de nombreuses années d'un tel apprentissage. Il est décisif, dans cette période, de développer des liens et d'entretenir des partenariats avec les Tunisiens.

Je tiens également à insister sur le rôle du Conseil de l'Europe, que son secrétaire général essaie de conduire dans la bonne direction. Le Conseil pourrait devenir le bras armé de ce partenariat visant à favoriser les transitions démocratiques des pays arabes et je l'encourage à s'engager en ce sens. D'ailleurs, de nombreux parlementaires français en sont membres.

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