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Intervention de Laurent Wauquiez

Réunion du 15 juin 2011 à 16h45
Commission des affaires étrangères

Laurent Wauquiez, ministre auprès du ministre d'état, ministre des affaires étrangères et européennes, chargé des affaires européennes :

Monsieur le président Poniatowski, les États membres de l'Union européenne proches de la Méditerranée et partageant une sensibilité euro-méditerranéenne ne représentent pas un poids négligeable, en particulier si on compte parmi ces pays la Roumanie et la Bulgarie, ainsi que la Hongrie, qui considère qu'elle a un débouché quasi-naturel sur la Méditerranée via les Balkans. À ce socle solide s'ajoutent des pays très lucides sur l'intérêt économique de cette union et sur la sphère d'influence qu'elle leur ouvre, comme l'Allemagne ou le Royaume-Uni. Quant aux pays nordiques, dont l'approche est fortement fondée sur les droits de l'homme, ils sont conscients que c'est le moment d'investir dans la démocratie. Contrairement donc à ce que nous pourrions penser, il existe un consensus assez stable au sein de l'Union européenne pour défendre l'idée d'une proximité avec la rive sud de la Méditerranée. Les Polonais ont d'ailleurs parfaitement compris qu'ils ne peuvent attaquer de front ce projet.

Il ne serait, en revanche, pas raisonnable d'aller au-delà de la répartition actuelle d'un tiersdeux tiers. La seule possibilité d'accroître les investissements consiste à réorienter les flux financiers de la BERD et de la BEI de l'est vers le sud.

Madame Bourragué, monsieur Dufau, ce sont en effet les projets concrets qui permettent de sortir des débats d'esthètes. Chercher à constituer l'UpM en rapprochant des entités géopolitiques conduit à un échec assuré, mais la création d'une ferme solaire en Tunisie ou celle d'un Office euro-méditerranéen de la jeunesse sont des projets qui peuvent aboutir.

Il est en outre évident que l'UpM ne peut fonctionner indépendamment de la politique de voisinage européenne. De fait, c'est à ce niveau que se situent les moyens et nous plaidons pour que les trois quarts au moins de l'enveloppe des programmes de coopération régionale de l'Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP) soient consacrés aux programmes concrets de l'UpM.

Monsieur Myard, à défaut de partager une même vision des problèmes, nous avons au moins en commun l'enthousiasme avec lequel nous exprimons nos convictions. Je partage votre souci de réinvestir intellectuellement la Méditerranée. Parlant arabe, je suis convaincu que nous avons besoin de « passeurs » qui reprennent cette vision du voisinage euro-méditerranéen.

À la fin de la monarchie de Juillet, les Saint-simoniens, conscients que les lumières de l'Antiquité nous avaient été transmises par les pays arabes et méditerranéens, ont considéré qu'il était temps d'agir en retour et ont entrepris des projets de développement du côté sud de la Méditerranée, se trouvant ainsi à l'origine du percement du canal de Suez et de la modernisation de l'Égypte de Méhémet-Ali. Nous nous trouvons dans une situation comparable : sommes-nous capables d'accompagner les pays de la rive sud dans leur transition ? Il nous faut retrouver, dans nos relations avec ces pays, la ferveur des saint-simoniens.

Monsieur Gaymard, la réponse à votre question est dans la question même. Vous connaissez parfaitement l'Égypte et ses contradictions vertigineuses : songeons que l'essentiel des forces de ce pays se concentre dans l'équivalent d'une bande de vingt kilomètres de part et d'autre du Rhône entre Lyon et Marseille, tout le reste du territoire étant occupé par le désert, hormis quelques zones dans le Sinaï ou la Nouvelle Vallée projetée par le président Moubarak. L'équilibre de ce pays est très fragile et il a été sage de confier le poste de secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée à M. Youssef Amrani. L'Égypte se concentre sur ses problèmes intérieurs ; elle n'en est pas moins, sur la durée, l'un des pôles d'appui très importants de la diplomatie internationale au sud de la Méditerranée, comme elle l'a montré dans le passé par des décisions courageuses. Je ne doute pas qu'elle reprenne rapidement son rôle pivot.

Monsieur Dufau, l'ASA avec la Serbie devrait être adopté par le Sénat en juillet et, je l'espère, être examiné le plus vite possible, en fonction de l'ordre du jour, par l'Assemblée nationale.

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