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Intervention de Michel Lucas

Réunion du 14 juin 2011 à 17h15
Commission des affaires économiques

Michel Lucas, président du Crédit mutuel :

Je ne crois pas que nous puissions déjà parler d'après crise-financière : la situation en Grèce ou au Portugal montre, en effet, que tout peut basculer à nouveau très vite.

On peut distinguer deux phases dans l'action du médiateur du crédit. Il s'est d'abord agi de faire face à la crise de 2008, puis cette intervention s'est faite d'une manière non conforme à la nature de la comptabilité dans notre pays : selon la méthode Coué. Or un entrepreneur, quel qu'il soit, ne se jettera pas dans le puits pour défendre une cause perdue. Nous avons eu des demandes pour nous engager à sauver une entreprise parce que le préfet du département où elle se situe le souhaite. Il n'est pas possible, dès lors, de formuler un jugement rationnel. Des exemples comme celui-ci, sur la même période, j'en compte des dizaines !

En ce qui concerne l'Allemagne, les Landesbanken sont garanties par les Länder et les Sparkassen par l'État. La notion de risque, dans ces conditions, est très particulière. Les banques françaises, lorsqu'elles étaient nationalisées, étaient notées triple A – ce qui est d'ailleurs toujours le cas de Dexia. La situation diffère donc selon que les établissements évoluent dans un milieu concurrentiel ou qu'ils sont garantis par l'État, sachant que c'est la note délivrée par ce dernier qui prime. Gérer une entreprise, que ce soit une banque ou une compagnie d'assurance, implique de tenir compte des paramètres tels qu'ils sont et non tels que l'on souhaiterait qu'ils soient.

M. Baudouin Prot l'a dit : pour un dépôt de 100, nous délivrons un crédit de 120. Le Crédit mutuel s'engage d'ailleurs encore plus, compte tenu de toute la collecte que lui enlèvent la Caisse des dépôts et d'autres organismes !

Je ne vois pas comment il est possible d'expliquer aux Français que les contrats d'assurances-vie seront fiscalement moins intéressantes alors qu'on les a incités pendant quarante ans à en souscrire pour préparer leur retraite.

À titre personnel, je suis opposé à toute taxation des transactions financières.

En ce qui concerne les moyens de paiement, la France dispose d'une avance technologique considérable, y compris par rapport aux États-Unis. Le problème n'est en rien de réduire les commissions – les coûts sont d'ailleurs moins élevés chez nous que dans les autres pays, quoi qu'en dise l'Autorité de la concurrence –, mais de conforter notre suprématie en la matière. Laquelle doit être plus imposée entre la banque qui émet la carte ou celle qui reçoit le paiement ? La situation doit être examinée d'un point de vue technique et diffère sans doute selon les pays : si les touristes allemands ou norvégiens, par exemple, viennent en masse dans les pays du sud, l'inverse est moins vrai. Depuis une vingtaine d'années, le Crédit mutuel traite tous les moyens de paiement de Cuba, c'est un travail purement technologique mais qui n'est pas négligeable. Sans doute avons-nous intérêt à examiner nos points forts pour, le cas échéant, les exporter car une banque est une entreprise comme une autre.

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