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Intervention de Jean-Paul Chifflet

Réunion du 14 juin 2011 à 17h15
Commission des affaires économiques

Jean-Paul Chifflet, directeur général du Crédit agricole :

Mes confrères ont bien planté le décor, que je vais compléter en évoquant la situation du Crédit agricole, ses actions, ses analyses et ses préoccupations pour l'avenir.

En 2010, la demande de crédits des entreprises est restée mesurée, mais avec une reprise au cours de la deuxième moitié de l'année, confirmée depuis le début de 2011. Cette modération, qui tient davantage à l'économie qu'à l'octroi du crédit, a plusieurs causes.

Ainsi, les entreprises ont stabilisé leurs stocks après les avoir réduits en 2009. Elles n'ont commencé que modérément à réinvestir. Elles ont volontairement limité leurs projets compte tenu du manque de visibilité sur les perspectives économiques.

Par ailleurs, elles ont préservé leur trésorerie, réalisé des gains de productivité et conservé leurs résultats. Leur besoin de financement est donc resté modéré, avec un niveau d'autofinancement élevé, à hauteur de 86 %.

Les grandes entreprises ont continué de recourir au marché financier en émettant des titres de créances négociables et des obligations.

Pour les premiers mois de 2011, les crédits mobilisés progressent de 4,4 %.

Le groupe Crédit Agricole, composé de LCL – ancien Crédit lyonnais – et des caisses régionales du Crédit agricole, très proches des régions, participe de façon essentielle au financement de l'économie. Nous sommes la première banque des entreprises, avec 25 % des encours des banques françaises. Nous avons, fin mars, dépassé les 200 milliards d'euros de concours aux entreprises, dont 13 % à court terme et 87 % à moyen et long terme. Soixante-deux milliards de prêts ont été accordés à des TPE de moins de dix salariés, soit 30 % de nos encours. Ces entreprises, souvent mentionnées comme les plus fragiles, ne le sont pas forcément. Nous constatons les mêmes tendances d'évolution pour les TPE que pour les autres entreprises, ce qui permet de dire qu'elles n'éprouvent pas plus de difficultés que les autres à se financer par le crédit.

Les crédits douteux et litigieux (CDL), qui traduisent des incidents de paiement ou des difficultés de remboursement, représentent aujourd'hui entre 3,4 et 3,6 % de nos encours. Ce taux n'était que de 2,5 % il y a quelque temps. Sur l'ensemble des marchés, le taux moyen se situe à environ 2 %.

Nous accompagnons aussi les agriculteurs, pour un encours de crédits de 41 milliards d'euros, soit 71 % du marché. Beaucoup d'exploitations agricoles sont assimilables à des TPE.

Au total, nous finançons donc l'économie à hauteur de 240 milliards d'euros, sans compter les prêts aux collectivités locales.

Nous n'avons pas modifié nos comportements depuis de nombreux mois pour ce qui concerne l'attribution de crédits, qu'il s'agisse de la taille des opérations ou de celle des entreprises. Nous n'avons pas davantage modifié nos exigences en matière de garantie depuis octobre 2008.

La médiation du crédit a joué son rôle au plus fort de la crise. Dès la survenance de celle-ci, nous avons mis en place des opérations permettant d'y faire face, avec un taux de succès élevé. Nous avons travaillé à la reconduction du système jusqu'à fin 2012. Toutefois, nous ne voyons presque plus de nouveaux dossiers depuis le début de l'année. Nous en enregistrons à peine un par mois sur tout le territoire, ce qui traduit le ralentissement des difficultés et des tensions entre le Crédit agricole et les entreprises. La relation avec nos clients constitue une préoccupation de tous les instants. Nous travaillons en permanence à améliorer l'accompagnement que nous leur offrons.

Nous voulons continuer à financer l'économie de notre pays et celle des pays environnants. À ce titre, nous éprouvons aussi quelques inquiétudes quant aux incidences de Bâle III. Quoi qu'il en soit, les banques finançant les trois quarts de l'économie nous considérons comme indispensable un bon niveau de fonds propres.

Nous avons la capacité de respecter le nouveau ratio de solvabilité, à condition que nous nous engagions dans la mise en réserve systématique de résultats afin d'accroître nos fonds propres. Les SIFIs vont également peser sur ceux-ci. Toutefois, les règles relatives à la liquidité seront redoutables pour le financement de l'économie.

Les banques ressemblent un peu à des sherpas : nous accompagnons la croissance économique, avec un sac à dos de plus en plus lourd et un apport en oxygène qui se raréfie, ce qui rend la montée de plus en plus difficile pour atteindre le sommet. Mais nous saurons faire face à notre nouvel environnement.

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