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Intervention de Pierre Moscovici

Réunion du 15 juin 2011 à 15h00
Déclaration du gouvernement préalable au conseil européen et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Moscovici :

Notre continent, vous n'êtes pas sans le savoir, s'enfonce dans la crise. Alors que l'heure devrait être à la solidarité et à la responsabilité pour surmonter la crise, pour sauver la zone euro, pour relancer la croissance et accompagner les transitions en Méditerranée, c'est la défiance, le désordre et la cacophonie qui dominent et qui risquent aussi hélas de dominer la réunion du Conseil européen de cette semaine. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SRC.)

J'en veux pour preuve votre attitude dans la crise grecque. Les socialistes ont, depuis son commencement, demandé à ce que du temps et de l'air soient donnés à la Grèce. C'était le sens de l'action de Dominique Strauss-Kahn au FMI. (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et NC) J'espère qu'elle sera poursuivie par d'autres, car c'est ce que nous voulons encore aujourd'hui. Nous souhaitons en même temps que le secteur privé soit associé à l'effort, tant il serait impensable, je dis bien « impensable », que les seuls sacrifices soient supportés par les salariés, les employés et les fonctionnaires grecs. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) La solution d'un échange volontaire d'obligations, en permettant de prolonger l'échéance d'une partie de la dette grecque sans entraîner le défaut du pays et déstabiliser davantage le système financier, nous semble une voie convenable à court terme. Un accord sur cette base serait une bonne chose pour l'Europe.

Dans le même temps, nous devons aux Européens de voir plus loin, tant il est vrai que repousser l'échéance ne résoudra en rien les problèmes de fond. La Grèce demeure avec ses taux d'intérêt usuraires, son économie peu compétitive et la masse insurmontable de sa dette. C'est ce que votre gouvernement refuse de voir, arc-bouté qu'il est sur son refus de mettre sur la table les questions de croissance et de mutualisation de la dette européenne. Si les droites européennes continuent à s'y refuser, tôt ou tard, nous reviendrons au chevet de la Grèce, avec les mêmes problèmes, avec les mêmes risques pour l'Europe, voire avec des risques pires. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Que proposez-vous donc, monsieur le ministre d'État, pour que la Grèce, et au-delà l'Europe, repartent de l'avant ? Où comptez-vous trouver les marges pour rembourser ces dettes, si ce n'est, comme toujours, auprès des salariés, des employés, des enseignants, de tous ces Grecs dont on comprime le pouvoir d'achat pour rembourser des banques largement complices de la crise de 2008 ? En réalité, monsieur le ministre d'État, vous nous engagez dans un cercle récessif.

Comme d'habitude, on nous propose de réduire les déficits en coupant dans les dépenses sociales. Comme d'habitude, on nous propose de renforcer les sanctions pour les mauvais élèves de l'Union. Comme d'habitude, l'approche de la construction européenne, celle des conservateurs qui dirigent la plupart des États européens, n'est que celle de la convergence des déficits et des égoïsmes nationaux bien partagés. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SRC.)

L'assainissement des finances publiques, sachez-le chers collègues de la majorité, est une nécessité que les socialistes ont toujours su mener à bien de façon plus efficace que la droite (Vives exclamations sur les bancs des groupes UMP et NC.)

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