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Intervention de Patricia Adam

Réunion du 14 juin 2011 à 15h00
Accord france - Émirats arabes unis relatif à la coopération en matière de défense — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatricia Adam :

Monsieur le président, mes chers collègues, malgré l'ambiance courtoise, quelques problèmes demeurent, que je voudrais évoquer, avant de choisir, pour ce qui me concerne, de m'abstenir sur le vote de ce texte.

On ne peut, en effet, aborder la question de cet accord sans aborder également celle des moyens accordés à notre défense. Notre implantation aux Émirats arabes unis procède d'une politique conduite par le Président de la République et qui, faute de moyens, nous oblige à nous désengager du continent africain et des territoires d'outre-mer, ce qui n'est pas une bonne stratégie.

Nous payons aujourd'hui les choix effectués en matière stratégique depuis 2007, et cet accord va nous contraindre à supprimer la moitié des effectifs actuellement affectés à Djibouti, alors que l'histoire nous démontre aujourd'hui que, plus que jamais, ils devraient être sinon augmentés, à tout le moins maintenus, ce qu'interdisent les choix faits dans le Livre blanc et au nom de la RGPP.

De ce point de vue, il faut bien constater que le Livre blanc a d'ores et déjà montré ses limites. Les objectifs capacitaires ne seront pas atteints faute de recettes suffisantes ; la fonction anticipation – qui n'est pas à remettre en cause – n'est pas une panacée si elle n'est pas accompagnée des moyens d'actions.

Surtout, la notion d'arc de crise, directement importée d'outre-Atlantique, correspond encore moins aux réalités.

Plus précisément, le Président de la République a souhaité fermer le 43e bataillon d'infanterie de marine d'Abidjan et ne plus conserver dans l'Ouest de l'Afrique que le 6e bataillon d'infanterie de marine – 6ème BIMa – et le dispositif au Gabon. À l'Est, il retire la treizième demi-brigade de la Légion étrangère de Djibouti alors que cette zone n'a jamais été aussi enfiévrée. On nous explique que les nouveaux rivages stratégiques sont plus lointains mais l'histoire est passée par là depuis et nous rappelle que l'Afrique est notre voisine et demeure stratégique pour nous : les 15 000 ressortissants français de Côte d'Ivoire n'ont pas manqué de nous le rappeler.

Quant à l'affaire libyenne, nous payons aujourd'hui notre retour dans le commandement intégré de l'OTAN, puisque c'est elle qui, contre notre volonté initiale, assure le commandement des opérations.

Sur le fond, je déplore aujourd'hui cette ampleur du verbe qui tente de cacher la pauvreté des moyens consentis à notre outil de défense et aux hommes qui en sont la première richesse.

Il est clair que nous n'avons pas les moyens de faire les choix qui s'imposent aujourd'hui au travers, entre autres, de cet accord. Il est plus que temps, je le pense depuis plusieurs mois, de revoir sur le plan stratégique le Livre blanc, ainsi que la loi de programmation militaire qui en découle.

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