Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Louis Giscard d'Estaing

Réunion du 14 juin 2011 à 15h00
Accord france - Émirats arabes unis relatif à la coopération en matière de défense — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLouis Giscard d'Estaing :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission des affaires étrangères, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, l'implantation militaire française aux Émirats arabes unis est la première nouvelle implantation sur un sol étranger depuis plusieurs décennies. Ouverte à la demande des autorités locales, elle constituera pour un budget raisonnable un trait d'union avec les forces françaises opérant dans les zones sensibles du Moyen-Orient.

Devenue opérationnelle en mai 2009, le rapporteur pour la commission des finances du budget opérationnel de la défense que je suis se doit de souligner que cette base a été entièrement construite et financée par le pays d'accueil.

Elle s'articule autour de trois implantations :

Dans le port de commerce d'Abou Dhabi, une base navale et de soutien susceptible d'accueillir des bâtiments de gros tonnage a été construite. À proximité immédiate, plusieurs bâtiments abritent l'état-major des forces françaises, des locaux pour les militaires de passage, un hangar pour hélicoptères ainsi qu'une infirmerie, qui pourra ultérieurement être transformée en hôpital.

Sur la base aérienne d'Al Dhafra, la base aérienne 104 de l'armée de l'air peut accueillir sept chasseurs dans des abris protégés, ainsi que deux gros-porteurs.

À l'extérieur de la ville, dans le camp militaire de Zayed Military City, l'armée de terre dispose désormais d'un centre d'entraînement doté de décors permettant un entraînement au combat dans des conditions réalistes.

J'ai souhaité, en tant que rapporteur spécial du budget de la défense, visiter ces bases, à un moment où leur effectif global n'était que de 260 personnes. En 2011, cet effectif a été progressivement porté à 570 militaires, dont 240 permanents qui y séjournent avec leur famille.

D'ici quelques mois, l'objectif est de déployer sur cette implantation le véhicule blindé VBCI ainsi que le canon autoporté Caesar, et d'utiliser l'équipement numérique du fantassin Félin. L'armée de l'air y a basé des Rafale, tandis que la marine fait de son implantation le point d'appui prioritaire du bâtiment de commandement et de ravitaillement La Somme. La capacité de commandement, d'hébergement et de restauration de transit de la base, actuellement de l'ordre de 350 personnes, sera portée à 500.

L'implantation des Émirats est un relais utile pour les opérations militaires extérieures, ainsi que le rappelait Jean-Michel Boucheron. Au plus proche d'une zone géographique sensible, l'implantation d'Abou Dhabi a commencé à montrer son utilité : zone de transit indispensable pour les avions à destination de l'Afghanistan et pour notre logistique navale, elle constitue une escale bienvenue pour les gros porteurs qui transportent nos personnels.

Quant aux bâtiments de la marine nationale en patrouille dans l'océan Indien ou dans le golfe Persique, ils bénéficient ainsi d'une véritable base logistique. D'ailleurs, l'amiral ALINDIEN, qui commande les forces françaises dans cette vaste région et était jusqu'à présent embarqué à bord d'un navire, sera désormais basé à Abou Dhabi.

La présence, au coeur du Moyen-Orient, des équipements militaires français les plus modernes constituera aussi une vitrine pour notre industrie de défense, confrontée à une concurrence particulièrement vive, comme cela a été rappelé.

Les possibilités d'entraînement y sont appréciables, dans le cadre de la coopération militaire avec les armées émiriennes, l'environnement désertique offrant des conditions d'emploi plus réalistes qu'en métropole. Il faut également souligner que les moyens aériens bénéficient de l'accès à des zones de combat de grandes dimensions. De plus, les conditions climatiques familiarisent nos forces avec un environnement proche de celui rencontré dans certaines Opex. Par ailleurs – et c'est le point le plus important –, cela permet un entraînement coordonné entre l'armée de l'air et la marine, mais également entre les forces françaises et les forces des Émirats arabes unis.

Enfin, le budget de l'implantation reste compatible avec nos contraintes budgétaires. Compte tenu du fait que les infrastructures ont été construites et mises à la disposition des militaires français par le pays d'accueil, le coût de cette implantation est limité aux frais de fonctionnement et de rémunération des militaires qui y sont déployés. En régime stabilisé, ce coût devrait être de l'ordre de 75 millions d'euros par an, dont 36 millions d'euros de RCS. Cette somme n'est pas très élevée et pourrait être gagée par un redéploiement de notre implantation à Djibouti, désormais confortée par la présence des forces américaines et japonaises, et par l'état-major de l'opération de l'Union européenne Atalante.

Ainsi que je l'avais indiqué l'an dernier dans mon dernier rapport budgétaire, les deux implantations de Djibouti et des Émirats arabes unies ne sont pas concurrentes mais bien complémentaires. Encore est-il utile de rééquilibrer l'engagement français entre ces deux bases, dans un esprit de complémentarité opérationnelle.

Compte tenu des conditions budgétaires et opérationnelles favorables, les Émirats arabes unis proposent une véritable coopération en matière de défense. C'est donc pour ces deux raisons que cette implantation nouvelle et l'accord en matière de défense qui l'accompagne logiquement méritent d'être salués. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion