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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 14 juin 2011 à 15h00
Introduction d'une taxe sur les transactions financières en europe — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

Vous auriez tort, monsieur le président. Je vais continuer mon propos, car on ne bâillonne pas des parlementaires.

Depuis trois ans, donc, rien n'a changé : les banques et les marchés continuent d'imposer leur loi d'airain aux peuples et le casino mondial se poursuit en dehors de toute réglementation.

Le Président de la République et les dirigeants européens ont beau nous promettre, à chacune de leurs interventions, une régulation de la finance et une moralisation du capitalisme, ils ne nous présentent qu'une réduction des politiques publiques conforme aux attentes des marchés. La crise financière a pourtant démontré le rôle négatif joué par la spéculation croissante et la recherche de profits selon une logique à très court terme.

Mes chers collègues, vous connaissez les chiffres comme moi, puisqu'ils sont dans le rapport de notre excellent collègue Pierre-Alain Muet. Ils sont vertigineux. Depuis l'examen de ce texte, la semaine dernière, 20 000 milliards de dollars ont transité sur le marché des changes. La machine s'est emballée et le système est en surchauffe. Pour paraphraser l'économiste Patrick Artus, « nous sommes dans un monde qui se gave de liquidités jusqu'à l'overdose ».

Comme l'écrivent fort justement les « Économistes atterrés » dans leur manifeste de septembre 2010 : la crise de 2008 « s'est chargée de démontrer que les marchés ne sont pas efficients, et qu'ils ne permettent pas une allocation efficace du capital. Les conséquences de ce fait en matière de régulation et de politique économique sont immenses. […] La place prépondérante occupée par les marchés financiers ne peut donc conduire à une quelconque efficacité. Plus même, elle est une source permanente d'instabilité… ».

Ces dernières années, l'activité financière s'est progressivement découplée de l'économie réelle pour ne plus remplir du tout sa fonction, qui ne devrait être que le financement des entreprises et la création d'emplois. En l'absence de toute taxation, les profits considérables réalisés grâce aux transactions sur devises n'engendrent aucun coût pour les opérateurs financiers mais entraînent des coûts socio-économiques terrifiants. Comme on a pu le constater au Mexique, en Asie, en Russie, en Argentine ou plus récemment en Europe, ces flux de capitaux déstabilisateurs déclenchent des crises dont les peuples paient le prix fort : privatisations massives, casse des services publics, baisse des pensions et des salaires, explosion des prix et du chômage, chute de l'espérance de vie. Voilà les résultats de cette finance incontrôlée !

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