Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Françoise Imbert

Réunion du 9 juin 2011 à 15h00
Lutte contre le décrochage scolaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Imbert :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, dans notre pays, l'école de la République a pour mission essentielle et pour responsabilité d'être le lieu d'accueil de l'enfant. Elle doit aussi faire en sorte de porter l'élève au maximum de ses possibilités.

Cette école est, pour un nombre important de jeunes, un lieu hostile, un lieu où se retrouvent des élèves désespérés, démobilisés, rencontrant des problèmes de discipline, un lieu qui les conduit parfois à sortir du système éducatif.

Certes, les causes de cette situation sont multiples. Les difficultés sociales, économiques, culturelles, familiales, psychologiques ou affectives concourent toutes au décrochage scolaire. Parfois, tous ces éléments se superposent et finissent par déstabiliser le jeune élève. Pourtant, il n'y a pas de fatalité : on ne naît certainement pas décrocheur.

Il y a, par contre, des trajectoires individuelles, singulières, des difficultés scolaires qui s'installent, liées à l'impossibilité de comprendre ce qui fait la spécificité de l'école, son fonctionnement, ses exigences.

Dans l'approche de ce problème, il ne s'agit pas de faire porter au seul jeune la responsabilité de son échec, et il faut bien être conscient que les exclus de notre système scolaire représentent à terme un coût social, économique qui doit nous interroger et nous impose d'y remédier.

La solution, ou plutôt les solutions pour lutter contre le décrochage scolaire sont complexes et doivent sans aucun doute être multiples.

Vous dites qu'elles existent déjà, mais le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles ne sont pas efficaces. Ce ne peut être la sanction financière des parents afin de lutter contre l'absentéisme scolaire ; l'efficacité de la mesure n'est pas vraiment démontrée et elle stigmatise des familles déjà en difficulté.

Ce n'est pas non plus de supprimer des postes d'enseignants dans les réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté, les RASED.

Des enseignants impliqués dans la lutte contre le décrochage scolaire m'ont rapporté les difficultés qu'ils rencontrent, après la suppression, en 2009, de la 3ème d'insertion. Ces classes alternaient stages en entreprise et cours au collège, s'adressaient à des effectifs réduits, et requéraient une pédagogie adaptée. Elles permettaient des séquences plus axées sur la vie sociale et professionnelle, et surtout un suivi individualisé des élèves en difficulté.

Le résultat était là : ces classes redonnaient une certaine confiance à l'élève. Aujourd'hui, les dispositifs et outils existants sont bien insuffisants. Il nous appartient donc d'avoir la volonté de proposer des solutions individuelles et collectives aux élèves décrocheurs.

Cette exigence, il faut l'avoir quand, chaque année, plus de 180 000 jeunes, filles et garçons, sont exclus de notre système scolaire sans diplôme, ni qualification. Ces jeunes n'ont pas choisi d'être des "élèves décrocheurs".

C'est ce qu'entend proposer aujourd'hui la présente proposition de loi. Ce qui la guide, à mon sens, c'est l'effort fait pour trouver des outils permettant de prévenir l'échec scolaire et de maintenir, dans le système scolaire, l'élève en difficulté.

Les habitudes, la politique actuelle poussent en effet plutôt au rejet, à l'exclusion de l'élève décrocheur ou en passe de le devenir. Nous ne pouvons plus accepter, par exemple, qu'on exclut un élève d'un établissement sans mettre en place en même temps un accompagnement.

Accompagnement individuel au sein de l'établissement, tutorat d'un petit nombre d'élèves, renforcement des RASED sont donc des dispositifs à mettre en place ou à renforcer dans le seul but que l'élève retrouve le chemin de l'école et, bien sûr, le plaisir d'étudier.

La mesure phare de cette proposition de loi – son article 1er – consiste à abaisser l'âge de l'obligation scolaire de six à trois ans. D'une part, cette obligation montre notre volonté d'assumer pleinement une politique de la petite enfance ; d'autre part, elle prend en compte ce que toutes les études montrent : plus la scolarité sera précoce, plus elle sera réussie.

C'est au début de la scolarité obligatoire que s'acquièrent et se construisent les bases des compétences nécessaires. C'est donc là que doivent se concentrer toute l'attention et, bien entendu, les moyens.

Monsieur le ministre, mes chers collègues, il est temps de s'emparer d'un problème dont la persistance ne nous fait pas honneur, loin s'en faut. Il s'agit de donner toutes ses chances à l'école et à chacun des jeunes qui sont notre avenir. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion