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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 6 juin 2011 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2011 — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

J'attends d'ailleurs le jour où le député Chartier prônera dans votre circonscription, devant ses électeurs, la réduction du nombre d'enseignants et d'infirmières à l'hôpital. Ce jour-là seulement, on pourra croire à la sincérité de ses convictions !

La situation est particulièrement dramatique dans l'éducation nationale, où la politique de non-remplacement d'un départ en retraite sur deux fait des ravages. Alors que le nombre d'élèves augmentera à la rentrée, 16 000 postes seront supprimés.

Votre gouvernement, monsieur le ministre, s'est enfin décidé à revenir sur le bouclier fiscal, mais ce projet de loi de finances rectificative s'inscrit dans la droite ligne des lois de finances précédentes, en accordant toujours plus de cadeaux aux plus riches, en poursuivant le jeu de massacre de nos services publics, autrement appelé RGPP, et en omettant intentionnellement de proposer la moindre mesure concrète favorisant le pouvoir d'achat des couches pauvres ou moyennes de notre société. Je vous suggère de répondre à ces arguments dans votre explication de vote, monsieur Chartier – avec ou sans agrégats !

Pourtant, les moyens d'augmenter les salaires et les retraites existent. Les banques françaises, qui ont versé sans sourciller 2 milliards d'euros de bonus aux traders, ou bien encore les entreprises du CAC 40, qui ont donné 40 milliards d'euros à leurs actionnaires en 2010, nous montrent le chemin des lieux où des sommes d'argent faramineuses s'accumulent.

Les salaires des patrons des entreprises du CAC 40 sont démesurés et injustifiables. La palme de l'indécence revient cette année à Michel Rollier, gérant de Michelin, qui perçoit la coquette somme de 4,5 millions d'euros. Pour récompense des licenciements, des fermetures d'usines et des délocalisations qu'ils ont causés, les principaux patrons français ont reçu une augmentation moyenne de 24 % et émargent à un salaire 200 fois supérieur à celui de leurs employés. Il est vrai que ces augmentations participent à l'évolution moyenne du pouvoir d'achat – voilà où est l'explication ! Pendant ce temps-là, le SMIC horaire n'augmentait que de 14 centimes le 1er janvier 2011 alors que le Gouvernement a toute latitude pour porter son montant à un niveau permettant de vivre décemment.

Dans ma circonscription, nos concitoyens m'interpellent – ils le font aussi certainement chez vous, monsieur le ministre, car les Troyens ne sont pas inhibés : quand ils nous croisent, ils nous parlent des loyers trop chers, des difficultés qu'ils ont à boucler leurs fins de mois, de l'augmentation des prix de l'essence ou des soucis pour payer leur facture de gaz, qui a augmenté de 21 % ces douze derniers mois, et certainement pas de la simplification du régime fiscal des pactes d'actionnaires, dits pactes Dutreil, que vous avez évoquée tout à l'heure et sur laquelle le projet de loi de finances rectificative est pourtant prolixe.

Pourquoi votre gouvernement se désintéresse-t-il des petites gens ? Pourquoi n'abordez-vous pas la question qui intéresse directement nos concitoyens, celle du pouvoir d'achat ? Je vois ma collègue Vasseur murmurer…

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