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Intervention de Armand Jung

Réunion du 24 mai 2011 à 15h00
Bioéthique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArmand Jung :

Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, monsieur le président de la commission spéciale, monsieur le rapporteur, j'ai eu l'honneur, comme d'autres députés de tous bords politiques, de faire partie de la mission d'information sur la révision des lois bioéthiques, puis de la commission spéciale chargée d'élaborer le projet de loi relatif à la bioéthique qui nous est soumis aujourd'hui.

Sans être un scientifique averti ou un philosophe avéré, je suis entré dans ce débat avec un certain nombre de convictions, comme beaucoup d'entre vous. Mais au fur et à mesure des auditions, des réflexions et des échanges, je me suis rendu compte que les questions que nous abordons aujourd'hui sont extrêmement complexes et sensibles, car liées à l'intimité des personnes. Elles sont complexes parce que l'évolution scientifique est telle qu'elle nous donne parfois le tournis. Mais, dans le même temps, j'ai intégré la nécessaire modestie avec laquelle nous devons mener ce débat, car nous n'avons toujours pas résolu jusqu'à présent– mais le pourrons-nous un jour ? – la question du début de la vie et du statut de l'embryon, ni même celle de la fin de la vie. Et pourtant, ces questions sont au coeur de toutes les décisions que nous sommes amenés à prendre.

J'ai bien évidemment écouté et entendu les convictions, le croyances des uns et des autres, qui nous sont souvent communes. Malgré la richesse de nos débats, et malgré le sérieux des scientifiques, des médecins et des philosophes qui se sont exprimés devant notre commission, je reste animé par de profonds doutes.

Au-delà des certitudes affichées, au-delà des idées préconçues dont les lobbies de tous bords se sont largement fait les porte-parole, j'ai acquis deux convictions qui ne sont pas forcément celles que j'avais initialement, et qui me guident dans mes réflexions et dans mes votes.

Ma première conviction, qui est fondamentale, c'est que la vie doit aller à la vie. Si l'on adopte cette ligne directrice, beaucoup de nos problèmes apparaissent sous un jour nouveau. Je fais naturellement allusion à la partie du texte consacrée à la recherche sur les embryons surnuméraires. Au nom de quels droits supérieurs pourrais-je, pourrions-nous interdire, limiter ou entraver la recherche sur les embryons surnuméraires, alors qu'il s'agit de sauver des vies et de redonner espoir à des familles et des couples qui sont dans la souffrance ?

Ma seconde conviction, c'est que nous ne sommes ni des juges ni des censeurs. Nous n'avons pas à juger les relations personnelles et intimes entre adultes, du moment qu'elles sont pleinement consenties, et encore moins les pensées ou les démarches de couples. Au nom de quels principes universels, culturels, religieux ou philosophiques aurais-je, aurions-nous le droit d'imposer à nos concitoyens des normes, des comportements et, finalement, leur manière de vivre et de s'aimer ?

Je partage les propos du professeur René Frydman qui, s'inspirant du philosophe Emmanuel Kant, a récemment affirmé : « L'éthique de conviction des uns ne peut s'appliquer à tous. La société doit s'approcher d'une éthique de responsabilité commune. »

C'est dans cet état d'esprit, et toujours avec le souci que la vie doit aller vers la vie, que je soutiendrai la position de mon groupe telle qu'elle sera exprimée par mon collègue Alain Claeys. C'est également dans cette optique que j'ai cosigné les amendements qu'il a déposés dans le cadre de ce débat. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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