Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Yossi Gal

Réunion du 6 avril 2011 à 10h30
Commission des affaires étrangères

Yossi Gal, ambassadeur d'Israël en France :

Je me félicite de vos nombreuses questions sur les colonies parce qu'il faut connaître les faits avant de juger.

Premièrement, savez-vous combien de nouvelles implantations ont vu le jour en Israël ces quinze dernières années ? Eh bien, pas une seule : ce sont seulement des constructions dans les implantations existantes.

Deuxièmement, à l'occasion de l'évacuation de Gaza sous le Premier ministre Sharon, Israël a démantelé vingt-trois implantations – dix-neuf à Gaza et quatre dans la partie nord de la Cisjordanie, provoquant le départ de 9 000 colons. Nous avons démontré que, lorsqu'il le faut, nous pouvons prendre des mesures.

Troisièmement, nous aurions pu, nous aussi, poser des conditions préalables, en particulier refuser d'aller à la table des négociations avant l'arrêt du terrorisme. Pourtant, nous n'avons rien fait de tel. C'est pourquoi nous appelons nos amis palestiniens à nous rejoindre à la table des négociations.

Quatrièmement, si la colonisation est une question si essentielle pour les Palestiniens, c'est une raison supplémentaire pour reprendre la discussion le plus rapidement possible et tout mettre sur la table, de façon à pouvoir enfin aller de l'avant.

Cinquièmement, la seule chose qu'il y ait lieu de faire pour trouver une solution, c'est que les Palestiniens et les Israéliens se rencontrent pour débattre de tout : les colonies, Jérusalem, la sécurité, les frontières, les réfugiés,… L'expérience de nos négociations avec la Jordanie et l'Égypte nous a appris qu'il faut une direction forte pour prendre des décisions. Ainsi, le Premier ministre israélien a fait le choix stratégique de deux États, et la majorité du peuple israélien soutient la création d'un État palestinien. Il est temps aussi pour les Palestiniens d'arrêter leur choix, mais ils doivent comprendre que les négociations exigent, par définition, des compromis. Les deux camps doivent faire des concessions. Vous devez savoir que j'ai participé à ces négociations et, sous le gouvernement précédent, nous étions très proches d'aboutir, sur nombre de dossiers. Mais si quelqu'un pense que la paix peut être imposée de l'extérieur ou que quelqu'un va mettre la pression sur Israël, il se trompe. La seule chose à faire, c'est de s'installer et de tout mettre sur la table pour arriver à un compromis.

À propos de Gaza, il faut aussi revenir aux faits. Nous avons pris la décision de nous retirer de la bande de Gaza et nous l'avons fait. Nous avons restitué à l'Égypte chaque millimètre carré du territoire de Gaza. Pourtant, à l'époque, les doutes étaient nombreux. Cette étape devait constituer le point de départ de la création de l'entité palestinienne qui pourrait vivre en paix avec Israël. Mais le Hamas, ce mouvement extrémiste et fanatique, a fait un coup d'État sanglant et chassé l'Autorité palestinienne pour établir un mini-Iran qui a commencé à bombarder Israël. Comment auriez-vous réagi, monsieur le député, si vos citoyens s'étaient retrouvés sous un tapis de bombes et de roquettes ? Toutefois, afin de faciliter le retour des Palestiniens à la table des négociations, nous avons complètement changé de politique à l'égard de Gaza. Nous avons laissé entrer toutes les marchandises à Gaza, à l'exception des matériels qui peuvent servir à fabriquer des armes. Je n'ai pas connaissance de la moindre cargaison de denrées alimentaires ou de médicaments qui ait été arrêtée par les Israéliens. Nous avons également autorisé les exportations de Gaza à destination de l'Europe et d'ailleurs. Les Palestiniens n'ont pas grand-chose à exporter mais, avec notre aide et celle du gouvernement néerlandais, ils produisent des fraises et des fleurs qui entrent en Europe par les ports de Marseille et de Sète. Nos personnels agricoles aident les gens de Gaza à commercialiser leurs produits.

En ce qui concerne la flottille, il n'y a aucune raison aujourd'hui d'en envoyer une. La seule motivation des organisateurs est d'ordre politique. Toute personne ou organisation qui veut envoyer de l'aide – denrées alimentaires ou médicaments – peut le faire par les circuits habituels.

Le processus de paix a besoin surtout de temps, plus que de changements dans le monde arabe. Il est urgent que les Palestiniens reprennent les discussions et qu'ils se décident quant à l'avenir qu'ils souhaitent pour leur futur État : un État moderne, avancé, lié à l'Ouest, laïc, comme à Ramallah ; ou bien un État de type Hamas, lié à l'Iran, avec, à sa tête, des dirigeants fanatiques. Mais le temps joue contre ceux qui veulent la paix. Et les dernières évolutions rendent plus nécessaire encore la négociation.

À ceux qui doutent de notre volonté de paix et parlent d'apartheid, je dois répéter que je n'ai d'autre objectif, pour mes enfants et mes petits-enfants, que la paix. C'est à elle que nous aspirons. Ne sous-estimez pas le discours prononcé le 14 juin 2009 par le Premier ministre, sur la solution des deux États. Il marque un infléchissement notable de la politique d'Israël, et je n'ai rien vu de tel chez nos homologues. Il ne s'agit pas de minimiser les difficultés des Palestiniens, mais ce ne sont pas des déclarations unilatérales qui permettront d'avancer. Plus tôt nous serons assis autour de la table pour examiner nos différends, mieux ce sera pour tout le monde. Des négociations avec l'Égypte et la Jordanie, nous avons appris que seuls des dirigeants forts – Anouar el-Sadate et le roi Hussein, le Premier ministre Rabin, le Premier ministre Begin – peuvent prendre des décisions stratégiques, et que la paix doit venir des populations elles-mêmes, même si d'autres acteurs ont un rôle à jouer.

S'agissant de l'Iran, il en est des sanctions comme des antibiotiques : il faut poursuivre le traitement jusqu'au bout, même s'il y a des améliorations. Les sanctions sont efficaces et il faut persévérer dans cette voie. Les Iraniens continuent à défier ouvertement les résolutions du Conseil de sécurité et à produire de l'uranium faiblement enrichi. Ils en disposent en quantité suffisante pour franchir le seuil fatidique et réaliser leurs ambitions.

En examinant les travaux du conseil des droits de l'homme, un extraterrestre en conclurait que le seul pays à violer les droits de l'homme ici-bas, c'est Israël. Mais nous devons faire avec cette institution et ses membres qui votent automatiquement contre Israël.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion