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Intervention de Michel Vauzelle

Réunion du 30 mars 2011 à 15h00
Débat sur "europe et méditerranée"

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Vauzelle :

Du côté européen, on n'a pas l'impression que les Scandinaves et plus encore les pays d'Europe de l'Est – ce n'est certes pas leur problème immédiat – soient très enthousiastes pour reprendre ce projet et lui redonner vie.

Il faut donc choisir un nouveau cadre qui donne de la lisibilité pour nos peuples à toutes les idées fort utiles que, monsieur le ministre d'État, vous venez d'énoncer dans votre propos. Il me semble que cet effort de lisibilité est politiquement indispensable même s'il ne peut plus porter les mots qui sont chers à l'auteur de l'UPM. Il faut donc lancer une autre idée qui pourrait être – je n'ai aucune prétention personnelle sur ce point – une sorte de « Conférence sur la sécurité et la coopération en Méditerranée ». C'est du reste un sigle qui a été porté jadis par l'Espagne et l'Italie, mais qui permettrait aujourd'hui d'éviter certaines susceptibilités du côté arabe et certaines timidités du côté européen. Une conférence, c'est un instrument, pas une institution comme l'Union.

Cette CSCM pourrait reprendre la démarche suivie pour la naissance de l'Europe. Il y a eu l'Europe des six. Pourquoi ne pas renforcer et donner plus de lisibilité dans un premier temps à la Méditerranée des dix – celle des cinq plus cinq ? Il y a eu l'Europe de la CECA. Pourquoi ne pas créer la Méditerranée de l'eau ? Vous savez que cette Méditerranée de l'eau a été un échec à Barcelone dans le cadre de l'UPM. Elle n'a pas pu se conclure.

Pourquoi ne pas observer davantage l'exemple des régions qui, depuis les trois rives de la Méditerranée, ont passé depuis des années, avec succès, des accords de coopération sur des problèmes très concrets comme ceux que vous avez évoqués : l'eau, la mer, le tourisme de masse, l'évolution du climat, la forêt méditerranéenne, les problèmes sociaux ?

Cette coopération décentralisée permet le renfort pour les États eux-mêmes de ce que j'oserai appeler – j'espère ne pas vous choquer, monsieur le ministre d'État ! – une « diplomatie participative » où les peuples eux-mêmes, avec leurs élus locaux, mais aussi avec la société civile, les chefs d'entreprise, les chercheurs, les étudiants, les mouvements sociaux et associatifs tissent peu à peu, dans la discrétion mais depuis des années, et sans publicité – cela n'intéresse guère les médias – une Méditerranée pour demain.

Cet espace euro-méditerranéen, la France doit y jouer naturellement tout son rôle, et vous y veillez, monsieur le ministre d'État. L'Europe, si elle assume et maîtrise sa communauté de destin avec la Méditerranée, assurera également mieux notre place à la table des grands du monde de demain. L'Europe a besoin d'avoir la Méditerranée à ses côtés pour tenir son rang.

Ma dernière phrase sera pour dire que la France, plutôt que de s'accrocher à un sigle mort-né – l'UPM –, devrait lancer, outre son aide à la révolution libyenne, une grande perspective d'espoir pour la Méditerranée qui donne un nom à tous les projets – que vous avez développés, monsieur le ministre d'État, et je vous en félicite – pour les Méditerranéens, y compris nous, avec cette proposition de Conférence pour la sécurité et la coopération en Méditerranée.

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