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Intervention de Anny Poursinoff

Réunion du 29 mars 2011 à 15h00
Débat sur les conséquences environnementales de l'exploitation des huiles et gaz de schiste en france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnny Poursinoff :

Monsieur le président, madame la ministre, chers collègues, les députés écologistes sont fermement opposés à l'exploitation des hydrocarbures de schiste.

Nous ne sommes pas isolés. Les associations environnementales, l'association des régions de France, la fédération des parcs naturels régionaux et de nombreuses collectivités locales sont mobilisées contre les autorisations données aux sociétés pétrolières.

Pourquoi ? Qu'il s'agisse de l'huile ou du gaz, la méthode d'extraction est la même : des forages très profonds et la fracturation de la roche par injection d'eau et de produits chimiques. Ces techniques se révèlent extrêmement dommageables pour l'environnement. Je ne vais pas répéter ce que de nombreux collègues ont déjà dit, en particulier Yves Cochet.

Madame la ministre, vous avez vous-même déclaré : « Il n'est pas question d'exploiter le gaz de schiste comme cela se fait dans certains pays et notamment aux USA. » Vous avez ajouté : « Des techniques dangereuses pour l'environnement et destructrices y sont utilisées, et il n'est pas question d'engager la France dans cette voie ».

Nous voudrions vous croire, mais de quelles techniques non polluantes parlez-vous ? La France se bercerait-elle pour les hydrocarbures de schiste des mêmes illusions qu'avec le nucléaire ?

Le 23 mars dernier, en commission des affaires économiques, M. Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières, en réponse à l'une de mes questions, affirmait : « les risques environnementaux nous semblent exagérés. Je crois pouvoir dire qu'ils sont maîtrisables. » Quelle assurance !

Pourquoi notre technologie, par un tour de passe-passe cocardier, se révélerait-elle moins polluante que celle utilisée ailleurs ? Aux États-Unis, l'agence de protection de l'environnement a dû assigner un industriel devant la justice pour obtenir la liste des produits chimiques utilisés pour ces forages. Voilà un autre point commun avec le nucléaire : le manque de transparence.

Je crains que les industriels ne se montrent pas plus scrupuleux ici qu'ailleurs. Faut-il attendre une pollution généralisée de notre territoire pour reconnaître que la course aux hydrocarbures de schiste est une erreur ? Destruction des espaces naturels, gaspillage des ressources en eau, pollution des nappes phréatiques, déchets contenant des substances radioactives, production de gaz à effets de serre, etc. Beaucoup d'argent, beaucoup de dégâts, et tout cela pour des puits qui seront exploités entre cinq et dix ans.

Et, ensuite, que deviendront les sites ? Comment peut-on croire un instant qu'ils seront remis en état par les exploitants ?

Madame la ministre, le 10 février dernier, vous avez suspendu les opérations de forage et de fracturation dans le Sud de la France jusqu'au 31 mai. Mais, dans l'Aisne et en Seine-et-Marne, il semblerait que des forages pour la recherche de pétrole de schiste puissent commencer dès le 15 avril.

Proche d'un des sites visés, la nappe phréatique de Champigny pourvoit aux besoins en eau potable de 10 % de la population parisienne et de nombreuses communes de la Petite et de la Grande couronne. Cette nappe est déjà souvent en alerte sécheresse. Qu'arrivera-t-il demain si le forage la met à contribution ? Que se passera-t-il si des fuites de produits chimiques surviennent ? Au risque nucléaire, allons-nous ajouter le risque d'empoisonnement de l'eau potable ?

Nous disons non à ces usines à gaz ! Il ne s'agit pas de polémiques, mais bien de notre responsabilité à l'égard des générations futures.

Madame la ministre, le principe de précaution nécessite l'abrogation pure et simple de tous les projets d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)

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