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Intervention de Patrice Paoli

Réunion du 16 février 2011 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Patrice Paoli, directeur d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient du ministère des affaires étrangères et européennes :

L'UGTT s'est scindée lors de la révolution, créant ainsi un relais qui faisait défaut. Certains de ses membres entendent structurer leur action autour d'un nouveau parti. D'ailleurs, on a probablement sous-estimé l'influence des partis en Tunisie. Ceux de gauche ont pu faire alliance avec des éléments islamistes, lesquels, n'étant l'apanage ni de la droite ni de la gauche, sont entrés en relation avec tous les partenaires ouverts au débat. Nous devons observer attentivement ces recompositions. L'UGTT pourrait être amenée à jouer un rôle, tandis que les personnalités que nous considérions autrefois comme les porte-voix de l'opposition ont été balayées : les Tunisiens leur demandent où ils étaient pendant la révolution.

La question de l'avenir de la Palestine et du Hamas doit être posée de manière plus politique qu'électorale. Que donner à ceux qu'on soutient pour leur permettre de prouver qu'ils ont fait le bon choix ? Sommes-nous capables d'aider Mahmoud Abbas à montrer qu'il a bien fait d'opter pour la modération et la paix ? Les Israéliens ont-ils pris la mesure de ce qu'il faut accorder à leur partenaire pour la paix, afin de le crédibiliser ? Les élections risquent d'ouvrir une crise de légitimité, au moment où, Al Jazeera organise des fuites qui mettent en cause le pouvoir de Mahmoud Abbas et du Premier ministre Salam Fayyad.

Cependant, on peut aussi imaginer que l'évolution de la situation n'ait aucun effet sur les rapports entre Israël et la Palestine. La pression américaine qui s'exerce sur les différents acteurs tend vers zéro, et aucun interlocuteur arabe de poids n'est en mesure d'intervenir. La balle est donc dans le camp des Israéliens. Mais ceux-ci ont-ils compris qu'un accord politique avec la Palestine, sur le modèle de celui d'Oslo, servirait leurs intérêts à long terme ?

Dans le Golfe, plusieurs pays semblent instables. À Bahreïn, qui n'est pas une monarchie constitutionnelle au sens fort, la majorité se sent discriminée tant politiquement qu'économiquement. Dans le contexte actuel, les irruptions de violence, qui se produisent régulièrement, peuvent aller plus loin. En Arabie Saoudite, une demande sociale pourrait se manifester, ce qui n'est pas le cas ailleurs : quand les Émirats arabes unis ont organisé des élections directes, il a presque fallu forcer les électeurs à aller voter. Par ailleurs, les Chiites de la province orientale se sentent exclus. Ainsi, les lignes de fracture sociale, politique et religieuse peuvent se recouper.

Je terminerai par la Libye. L'âge des dirigeants est un des ingrédients fondamentaux de la révolte des opinions publiques. À l'image de Ben Ali, demeuré 24 ans au pouvoir et de Moubarak, qui y est resté 30 ans, Kadhafi gouverne depuis 42 ans. Les Omanais, qui viennent de célébrer le quarantième anniversaire de l'accession du sultan au pouvoir, doivent se demander s'ils ont eu raison de le faire avec autant d'éclat, même si celui-ci reste une figure populaire et charismatique.

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