Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Noël Mamère

Réunion du 10 mars 2011 à 9h35
Immigration intégration et nationalité — Article 30, amendements 142 276

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

Pardonnez-moi, monsieur Hunault, de vous dire qu'en la circonstance, vous ne manquez pas d'oxygène !

Doit-on rappeler, et nous le redirons au cours de la discussion, que la rétention est devenue pratiquement la norme ?

Dois-je vous rappeler que l'on est en train de construire le Mesnil-Amelot 2 et le Mesnil-Amelot 3 ? Je vous invite à vous joindre à nous, lorsque nous irons avec quelques députés visiter les centres de rétention. Même s'il ne s'agit pas de lieux privatifs de liberté, regardez ce qu'est la construction du Mesnil-Amelot et vous pourrez alors juger de la conception d'un centre de rétention qui ne ressemble pas à celle d'une prison…

Comment pouvez-vous dire que ce Gouvernement a favorisé les formules alternatives à l'emprisonnement, alors qu'il a fait voter par cette Assemblée les peines plancher, alors que l'on n'arrête pas de jeter en prison un certain nombre de gens qui n'ont rien à y faire, et que l'on oblige même les juges à ne plus respecter ce fondement du droit français qu'est l'individualisation des peines ?

Dois-je vous rappeler que l'État français vient d'être condamné pour les mauvaises conditions de détention de la maison d'arrêt de Rouen, sur plainte de vingt-cinq détenus ? Venez avec nous, à Fresnes, voir comment sont les cellules de détention pour les personnes handicapées, vous jugerez s'il est facile d'être détenu lorsque l'on est en situation de handicap dans les prisons et les maisons d'arrêt françaises.

Nous savons tous aujourd'hui que l'on enferme la misère, et qu'un certain nombre de lieux de privation de libertés, notamment les maisons d'arrêt, sont indignes. Je ne suis pas le seul à le dire, M. Badinter, ancien garde des sceaux, et beaucoup d'autres l'ont dit.

Nous aurions aimé que la commission sur les prisons, à laquelle nous avons été un certain nombre à participer, débouche sur une véritable loi de programmation. Or qu'est-ce que votre loi de programmation ? C'est construire encore plus de prisons, c'est affaiblir la protection judiciaire de la jeunesse, ce sont fort peu de juges d'application des peines obligés de suivre quantité de détenus, c'est l'affaiblissement des services pénitentiaires d'insertion et de probation – SPIP –, dont les membres sont obligés de suivre chacun plus de 1 000 détenus… Ils ont fait un certain nombre de déclarations et de conférences de presse pour alerter l'opinion sur l'état d'abandon de tous les outils d'insertion, de réinsertion et de suivi.

Dans le même temps, nous trouvons à la tête de l'État et du Gouvernement des spécialistes de la tyrannie de l'émotion, qui nous proposent une nouvelle loi chaque fois qu'un fait divers se produit. Ce n'est pas ainsi que l'on doit procéder, ce n'est pas ainsi que l'on parviendra à réinsérer des personnes jetées en prison.

Pardonnez-moi enfin de rappeler – car nous sommes, en ce moment, dans une atmosphère particulièrement délétère – combien la justice peut être clémente avec les puissants ou ceux qui l'ont été, qui peuvent se payer des avocats, lesquels, par des manoeuvres, détournent la question prioritaire de constitutionnalité, qui a été un progrès du droit, pour éviter à des personnes qui ont organisé des emplois fictifs pour des millions d'euros – volés aux contribuables – afin d'arriver au plus haut sommet de l'État, de comparaître, tandis que pour ceux qui sont au bas de l'échelle, c'est la comparution immédiate, la justice à l'abattage et la tolérance zéro ! Et vous venez nous dire que votre gouvernement a facilité les choses et qu'il y a une justice pour tous ! Mensonges ! Contrevérités ! Scandales ! (« Et José Bové ! » sur plusieurs bancs du groupe UMP.) Moi aussi, j'ai arraché des OGM. Et j'ai payé – 100 000 euros !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion