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Intervention de Valérie Fourneyron

Réunion du 16 février 2011 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Fourneyron :

Je vous remercie, monsieur le président, d'avoir accepté notre invitation. Depuis de nombreuses années, en effet, la communauté internationale reconnaît l'engagement politique de la France en faveur de la lutte contre le dopage. L'AFLD est le bras armé de cette lutte et opère en coordination avec le mouvement sportif et les fédérations, acteurs de la prévention et de l'éducation.

Pierre Bourdry, votre prédécesseur, a déclaré en quittant l'Agence : « Ma démission est aussi un message, une manière de dire que la lutte antidopage va mal en France ». C'est avant tout une question de moyens financiers. Vous évaluez les moyens de l'Agence à 8,9 millions d'euros en 2011, dont 7,8 apportés par le ministère des sports. Les moyens supplémentaires qui pourraient être obtenus par l'augmentation de la taxe sur les droits de retransmission télévisuelle doivent-ils servir à renforcer les contrôles ou à conforter le laboratoire ?

Nous avons l'impression que les disciplines sportives ne montrent pas toutes le même enthousiasme pour s'engager dans la lutte antidopage. L'élément majeur qui ressort des débats financiers que nous menons depuis plusieurs années et qui fait la force de l'Agence, c'est son indépendance sur le plan scientifique par rapport aux autres instances et à divers lobbyings, même si cette indépendance reste très relative sur le plan politique. On ne peut évoquer le cas de Contador sans évoquer ceux de Delgado et de Neil Armstrong.

Mme la ministre des sports a récemment déclaré qu'elle souhaitait que les contrôles soient orientés vers les sports collectifs et les salles de musculation. Qu'en pensez-vous ?

Nous avons en France la volonté de mieux travailler avec l'Union cycliste internationale, mais combien nous a coûté la perte liée à la retransmission du Tour de France ? Comment envisagez-vous de défendre notre position et de travailler avec l'UCI ?

Quant aux moyens consacrés à la recherche, même s'ils sont passés de 47 000 à 100 000 euros, puis à 300 000 euros, ce sont des budgets dérisoires au regard des enjeux majeurs que représente la recherche.

Face aux nouvelles formes de dopages – l'autotransfusion, les substituts de l'EPO, biosimilaires et hématide, les analogiques de l'AMP-kinase permettant d'orienter le profil métabolique des fibres musculaires, le dopage génétique et quantité de molécules qui reculent le seuil de fatigue –, les moyens que nous consacrons à la recherche sont insuffisants. Seule une stratégie appuyée sur les grands laboratoires universitaires de pharmacologie nous permettrait de faire face à de tels enjeux.

La dernière décision de l'AMA, à savoir la suppression des déclarations d'usage pour les produits comme le salbutamol ou les glucocorticoïdes administrés en aérosol ou par voie intra-articulaire, m'inquiète. Car le procédé d'administration est largement utilisé pour contourner l'interdiction de consommer les produits dopants. Je pense, comme M. Depierre, que nous ne tarderons pas à constater une explosion du nombre d'asthmatiques.

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