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Intervention de Didier Mathus

Réunion du 25 novembre 2008 à 15h00
Communication audiovisuelle et nouveau service public de la télévision nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Exception d'irrecevabilité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDidier Mathus :

Vous autorisez la deuxième coupure dans les oeuvres de fiction, vieille demande des opérateurs privés à laquelle tous les gouvernements et tous les ministres de la culture en particulier avaient résisté, privilégiant le respect des créateurs à l'appel du tiroir-caisse.

Vous avez choisi de céder aux pressions les plus mercantiles. En acceptant le principe d'une deuxième coupure conjuguée avec le déplafonnement du volume horaire de publicité et le passage de l'heure glissante à l'heure d'horloge, vous ouvrez les vannes d'un véritable déluge publicitaire sur les chaînes privées. Néanmoins le pire est bien sûr l'autorisation du placement de produits, forme la plus pernicieuse de la publicité, dont l'objet est de manipuler le téléspectateur à son insu. N'est-il pas curieux que cette publicité si décriée sur les chaînes publiques et si attentatoire à la qualité de France Télévisions, devienne miraculeusement vertueuse lorsqu'elle alimente les caisses des opérateurs amis du pouvoir ?

En réalité, ce projet de loi organique vient assurer la continuité du travail de la droite française, pour une fois en parfaite cohérence, de Jacques Chirac à Nicolas Sarkozy. Le fil rouge de son action a été parfaitement net, durant ces vingt dernières années : il s'agissait d'affaiblir la télévision publique, pour aider quelques entrepreneurs amis à constituer de petits empires médiatiques, en trichant, si besoin, avec les règles de la concurrence. En un sens, ce projet parachève l'oeuvre entreprise par Jacques Chirac en 1986, avec la privatisation de TF1. Aujourd'hui, les soins palliatifs et les déclarations d'amour sont pour la télévision publique ; le cashet les laisser passer, pour les groupes amis du pouvoir. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)

Voilà pourquoi nous défendons aussi l'exception d'irrecevabilité sur la loi organique. J'ai expliqué en quoi elle nous semble contradictoire avec les principes constitutionnels touchant aux libertés publiques. Au cours du débat, nous utiliserons tous les moyens qu'autorise la procédure parlementaire – motions de procédure, interventions sur les articles, défense des amendements – pour alerter l'opinion sur ce que prétend opérer ce texte.

Ceux que nous avons déposés réaffirment les principes auxquels nous sommes attachés. Nous ne voulons pas de la destruction de la télévision publique, estimant au contraire, conformément à une tradition qui était jadis respectée jusque dans les rangs de la majorité actuelle, que le rôle du Parlement est de défendre la télévision publique.

Aujourd'hui, vous voilà réunis pour porter atteinte à son indépendance financière et morale. C'est une mauvaise action, et je m'étonne de voir certains collègues s'engager dans pareille aventure. Nous nous battrons jusqu'au bout pour que l'opinion connaisse le forfait que le Gouvernement veut perpétrer par l'intermédiaire de ce texte. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR. – Protestations sur les bancs du groupe UMP.)

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