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Intervention de Michel Françaix

Réunion du 25 novembre 2008 à 15h00
Communication audiovisuelle et nouveau service public de la télévision nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Exception d'irrecevabilité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix :

Monsieur le président, mes chers collègues, madame la ministre, j'éprouve une petite angoisse depuis que j'ai entendu le président Copé dire que nous étions devant une réforme historique, car quand c'est le cas, on a le sentiment qu'il va se passer quelque chose d'important.

Je voudrais tout d'abord raconter brièvement l'histoire des trente dernières années de la planète Média. Vous verrez que celle-ci a déjà été soumise à de nombreux bouleversements.

Premier choc : le passage de la rareté à l'abondance. Il y a trente ans, la France comptait trois chaînes de télévision et à peine plus de stations de radio. Ensuite, de l'ORTF à Canal+, il y eut La Cinq de Lagardère qui a fait faillite, La Six musicale, la privatisation de TF1 – première onde de choc et réforme que la majorité qualifierait sans doute d'historique, avec son concept de « mieux-disant culturel » –, puis France 5, Arte, M6, la TNT, le câble, le satellite. Les changements sont incessants : les ordinateurs, BlackBerry, iPod et téléphones mobiles reçoivent la télévision ; le podcast ; la vidéo à la demande, et j'en passe.

Deuxième choc : l'abaissement du coût d'entrée sur le marché. La création d'un acte web coûte quelques milliers d'euros – mille fois moins que le lancement d'un journal ou d'une télévision – et sa diffusion est d'emblée mondiale, alors que les médias traditionnels doivent investir beaucoup d'argent pour élargir leur couverture géographique.

Émergent de nouveaux acteurs, des consommateurs et des annonceurs qui veulent moins payer, des concurrents de plus en plus nombreux. Face à ces révolutions – historiques ou pas –, l'incertitude devient radicale. Au cours des dix prochaines années, l'économie des médias va sans doute changer davantage que durant le siècle écoulé. En effet, nous assistons à la réorganisation du marché au profit des médias électroniques, à la chute de la publicité, à la désaffection du jeune public, à la culture du tout gratuit, à la multiplication des secteurs sur Internet, à et l'éclatement de la scène publique.

C'est ce moment-là que le Président de la République choisit pour mettre en place sa fausse bonne idée. Fausse bonne idée sur la forme et sur le plan de la méthode d'abord : on s'est demandé non pas si le projet s'imposait, mais seulement comment l'imposer pour rendre quelques menus services à TF1, voire à M6. Fausse bonne idée aussi sur le fond, car une nouvelle onde de choc comparable à celle vécue lors de la privatisation de TF1 est en route, déséquilibrant totalement le monde de la télé, sans la moindre préparation. Personne ne croira que la commission Copé a pris la mesure de ces enjeux. D'ailleurs, cette commission est désormais désavouée par la quasi-totalité des producteurs et scénaristes qui crient à la trahison et parlent de détricotage du service public. Voilà ce qui reste de la commission Copé.

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