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Intervention de Jean-Louis Touraine

Réunion du 9 février 2011 à 21h30
Bioéthique — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Touraine :

Beaucoup de choses ont été dites et je me réjouis que nous soyons si nombreux à vouloir développer les prélèvements et les transplantations de manière volontariste.

Schématiquement, il y a deux possibilités. La première consiste à recourir dans certains cas au donneur vivant, particulièrement pour les transplantations rénales. Sur ce point, notre pays est très en retard sur la plupart des pays européens : moins de 10 %, alors qu'en Norvège la moitié des transplantations rénales sont réalisées à partir de donneurs vivants – sans parler du Japon, naturellement, puisque les prélèvements sur sujets décédés y sont presque impossibles.

Demain, les dons croisés permettront d'autres greffes, ainsi que des prélèvements réalisés à partir d'un donneur ayant des liens affectifs stables avec le receveur. Je souhaite que soient consenties des incitations en termes d'aides, de conditions matérielles et de reconnaissance envers ces donneurs.

Reste que la plupart des transplantations, tous organes confondus, utilisent des organes prélevés sur un sujet décédé. Nous devons donc trouver le moyen de renforcer la possibilité de tels dons, afin de combler le déficit très préjudiciable que nous connaissons. Il importe de développer les campagnes de sensibilisation, d'explication. La plupart de nos concitoyens sont réticents à réfléchir au devenir de leur corps après leur mort, et nous devons donc tenir compte du fait qu'une grande partie d'entre eux n'explicitent pas ce qu'ils souhaitent à ce sujet.

Nous pouvons raisonnablement présumer que tous ceux qui ne se seront pas inscrits, après avoir été informés de cette possibilité, sur un registre de refus acceptent. Pourquoi ? Parce que tous nos concitoyens sont d'accord sur le principe de la transplantation. Je n'ai jamais rencontré un seul patient, à quelque famille de pensée qu'il appartienne, y compris chez les Témoins de Jéhovah, qui refuse la transplantation pour des raisons philosophiques. Tous acceptent la transplantation.

La probabilité pour chacun d'entre nous de recevoir un greffon est trois fois plus grande que celle de nous trouver en situation de donneur, puisque, sur chaque donneur décédé, trois organes en moyenne sont prélevés pour être greffés à trois receveurs différents. Il y a donc une large acceptation, et tous ceux qui ne se seront pas inscrits sur un registre de refus peuvent être considérés comme ayant envisagé la possibilité d'accepter ce prélèvement.

Il importe que nous réaffirmions, à l'occasion de la révision des lois relatives à la bioéthique, l'esprit de notre législation. Il est que l'on ne doit pas demander à la famille son avis, mais celui, recueilli auprès du défunt, quant à un éventuel prélèvement. Si l'on appliquait cette règle, il y aurait non plus un tiers de refus, mais 10 %. Il n'y aurait alors plus de déficit, de pénurie d'organes.

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