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Intervention de Noël Mamère

Réunion du 10 février 2011 à 9h30
Bioéthique — Après l'article 5, amendement 147

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

Je voulais commencer par présenter mes excuses à M. le rapporteur, car j'ai défendu par erreur un autre amendement, qui visait à faciliter l'information dans les lycées, ce qui n'a rien à voir avec l'ouverture d'un registre.

J'écoute toujours avec beaucoup d'attention ce que dit M. le rapporteur, et avec plus d'attention encore ce que dit notre collègue Jean-Louis Touraine. Quelques arguments peuvent me conduire à retirer cet amendement.

Le premier, c'est un argument philosophique très bien exposé par Jean-Louis Touraine sur la question du refus de la mort dans nos sociétés modernes. Philippe Ariès l'avait très bien montré.

Sur la question de l'immortalité, se développe aujourd'hui à travers le monde un mouvement de philosophes, de chercheurs – en Suède, au Japon, aux États-Unis : ce mouvement, dangereux, s'appelle le transhumanisme et voudrait nous expliquer qu'avec la convergence des biotechnologies, des nanotechnologies, des sciences cognitives et des technologies de l'information et de la communication, nous allons débarrasser les hommes de la nécessité. Nous pourrions ainsi, disent-ils, lutter contre ce que les chrétiens appellent le péché, et que le laïque appelle la nécessité ; nous pourrions dépasser la question de la souffrance, de la naissance et de la mort.

Nous ne sommes pas là pour débattre de ces sujets, qui touchent pourtant au coeur de nos discussions.

Monsieur le rapporteur, vous avez fait référence à un panel de citoyens : je voudrais vous dire que la conférence de citoyens telle qu'elle a été conçue par les Danois en 1989 n'a pas grand'chose à voir avec ce que vous avez essayé d'introduire lors des états généraux de la bioéthique, qui n'était pas vraiment un panel de citoyens.

Il faut souvent, c'est vrai, écouter les citoyens. Mais nous ne sommes pas obligés faire du populisme pénal, par exemple, et en tout cas de suivre systématiquement l'avis des citoyens.

Si la gauche – qui s'est honorée cette fois-là – n'avait pas décidé, avec la complicité d'un certain nombre de personnalités de droite, de supprimer la peine de mort, si l'on avait plutôt fait un référendum le jour où M. Badinter parlait à cette tribune, alors on aurait vu que les Français étaient plutôt favorables à la peine de mort. De temps en temps, la représentation nationale doit précéder l'opinion et prendre des risques pour supprimer des situations barbares qui empoisonnent notre société.

Enfin, notre collègue Leonetti nous dit : la fraternité, c'est français. Non, la fraternité, c'est universel, monsieur le rapporteur ; on n'a pas besoin d'être français pour être fraternel ! Un certain nombre de gens dans notre pays savent que les Français ne sont, malheureusement, pas toujours fraternels avec ceux qui ne leur ressemblent pas, ceux qui n'ont pas la même couleur de peau, ceux qui n'ont pas la même religion et qui viennent de leurs anciennes colonies. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

Je ne fais pas de polémique, mes chers collègues : je constate que la fraternité n'est pas consubstantielle à la qualité de Français, et que la qualité de Français n'est pas consubstantielle à la naissance : depuis Léonard de Vinci, nous croyons au droit du sol.

Mais, pour revenir aux greffes, je ne suis pas spécialiste du sujet : en tant que journaliste, j'étais spécialiste du général, m'intéressant à tout. J'entends les arguments de nos collègues parlementaires qui sont aussi des professionnels de la médecine. Je ne m'obstine donc pas sur ce sujet qui ne me paraît pas être au coeur de ce débat : si les spécialistes considèrent que cela n'apporte rien et que cet amendement pourrait même mettre les médecins, et les familles, dans l'embarras, je retire l'amendement.

(L'amendement n° 147 rectifié est retiré.)

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