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Intervention de Laurent Fabius

Réunion du 2 février 2011 à 15h00
Débat sur l'otan et les orientations données aux forces armées françaises

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Fabius :

On ne pourrait pas écrire mieux que ce que vous disiez à l'époque, monsieur le ministre d'État. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Vous nous répondrez certainement de façon très brillante – nous connaissons votre talent qui, en l'occurrence, serait digne d'une meilleure cause –, mais avancer l'aspect du bouclier et du glaive est un faux argument. Je sais bien que les États-Unis d'Amérique, l'Inde, la Chine, la Russie, toutes ces puissances peuvent avoir à la fois le bouclier et le glaive, mais ce sont les mêmes qui décident dans les deux cas. Alors que là, la dissuasion c'est la France et, si je suis bien informé, elle ne serait pas nécessairement le bouclier. D'où le problème politico-stratégique fondamental que pose cette affaire, et qui, malheureusement, a été tranché à la légère.

J'en viens au troisième aspect qui concerne l'Afghanistan. Lors du sommet de Lisbonne, un certain nombre de dispositions ont été prises concernant ce pays. Pour avoir interrogé des correspondants ou des amis américains, je peux dire que, même chez eux, l'interprétation à donner du contenu des actes de la conférence de Lisbonne est sujette à caution.

Je crois d'ailleurs que le vice-président Biden a été obligé de rectifier quelques jours plus tard l'interprétation qui avait été donnée. « Cela signifie », dira-t-on, « que les États-Unis, donc tout le monde, vont retirer des troupes à partir de 2011 » ; mais, quand on en parle avec des correspondants américains, ce n'est pas tout à fait leur interprétation. « Cela signifie que le transfert aura été opéré en 2014 » ; oui, mais M. Karzaï demande notre maintien, moyennant une dimension civile. Simultanément, nous voyons que certains collègues européens s'en vont, que d'autres veulent s'en aller, que les Anglais eux-mêmes disent que tout sera fini en 2014 ou 2015.

Monsieur le ministre d'État, je voudrais donc vous faire part de notre position en tant que formation politique responsable, de gouvernement. À nos yeux, il sera nécessaire que nous nous retirions militairement d'Afghanistan, car la solution ne peut en aucun cas être uniquement militaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Nous sommes des gens responsables : nous ne prétendons pas que toutes nos forces peuvent être retirées d'ici à après-demain. Mais nous voudrions qu'un retrait soit entamé dès 2011. Car si les objectifs de lutte contre le terrorisme et d'arrimage de la démocratie sont légitimes, ce n'est pas par les moyens qui ont été engagés que l'on obtiendra des résultats pérennes.

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