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Intervention de François Asensi

Réunion du 1er février 2011 à 15h00
Débat sur la politique de la ville

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Asensi :

Je voulais m'adresser au président de l'Assemblée nationale pour faire des observations sur l'organisation du débat. Je limiterai mon propos à deux minutes, puisque c'est le temps dont on m'a indiqué que je dispose. Mais je proteste avec force contre les modalités d'organisation de ce débat, qui corsètent les députés jusqu'à les empêcher de développer tout propos d'ensemble. Notre groupe a adressé un courrier à ce sujet au président de l'Assemblée. Il est resté sans effet. Quand on relègue les élus en dehors de l'hémicycle et qu'on les cantonne à des questions lapidaires, où est le renforcement tant vanté de leurs pouvoirs de contrôle ? En fait de revalorisation du rôle du Parlement, la réforme constitutionnelle de 2008 a rabaissé notre institution. Les députés deviennent de simple faire-valoir de l'action gouvernementale.

Je n'admets pas le mode de désignation des membres des missions dans notre comité d'évaluation. Les députés des groupes GDR et Nouveau centre en sont systématiquement écartés. Cette négation du pluralisme et du débat d'idées est inacceptable. La plupart des parlementaires communistes administrent des territoires fragilisés et ont une grande expérience de la politique de la ville. Nous résistons au quotidien, avec d'autres – nous ne sommes pas les seuls – à la ségrégation des territoires et des individus promue par un système que souvent l'État accompagne. Notre vision, peut-être, dérange. Elle a, en tout état de cause, été écartée de cette mission au profit d'un consensus. Socialistes et UMP, certes majoritaires à l'assemblée, sont dans toutes les missions. Les députés GDR et Nouveau centre en sont écartés.

À regret donc, je serai bref sur le travail, pourtant dense, de nos collègues. Il confirme l'échec de vingt ans de politique de la ville – le terme d'échec est peut-être trop fort, car il y a du travail accompli. À mon tour, je veux féliciter publiquement M. Borloo, comme je le fais dans ma circonscription, pour la politique qu'il a défendue, et en particulier pour cette innovation qu'a constituée l'ANRU, malgré les observations que l'on pourrait faire à ce sujet.

Mais la fracture s'aggrave dangereusement entre les ghettos de pauvres et les ghettos de riches en Île-de-France. Dans cette région, regardons les choses en face : la politique de la ville est bien un échec. Les familles de Neuilly ont désormais un revenu moyen cinq fois supérieur à celles de Sevran, et sont quatre fois moins touchées par le chômage. Aucun gouvernement, de droite ou de gauche, n'a placé ce problème au coeur de son action.

Globalement, en raison du travail accompli, je ne parlerai pas d'échec, mais d'impuissance. Élever des digues de sable face à l'océan, voilà en quoi consiste la politique de la ville. Je pourrai y revenir au sujet de l'Île-de-France. Dans mon propos liminaire, je voulais avant tout protester contre la manière dont sont organisés ces débats qui méritaient mieux que cette magnifique salle Lamartine.

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