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Intervention de Christian Eckert

Réunion du 10 juillet 2009 à 15h00
Dérogations au repos dominical — Article 2, amendement 183

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Eckert :

Soit. Il s'agissait tout de même des représentants du personnel d'une entreprise. Quoi qu'il en soit, je ne nie pas que certains salariés affichent cette préférence, de même que je vous ai indiqué tout à l'heure comment des représentants du personnel d'une grande enseigne établie sur les Champs-Élysées m'ont dit percevoir un surplus de 110 % – et non pas seulement de 100 % – le dimanche. Vous trouverez toujours une exception, cher collègue, mais ce n'est pas la préférence d'un syndicat pour le congé qui doit justifier de ne pas fixer le doublement du salaire comme plancher. C'est un raisonnement que je me refuse à suivre : le cas particulier n'est pas nécessairement le reflet de la situation générale.

Par ailleurs, j'ai anticipé la réponse du ministre, qui nous dit faire confiance au dialogue social. Monsieur le ministre, je suis parlementaire depuis deux ans – et vous êtes ministre du travail depuis quelques jours. En deux ans, j'ai beaucoup appris sur le lien de subordination, en rencontrant des employeurs et des salariés, dont l'emploi est la seule ressource qui leur permet, dans un contexte difficile, de faire vivre leur famille. Comment imaginer, dans le contexte de l'augmentation du chômage, qu'un salarié se trouvant – même sans aller jusqu'à la faim – dans la difficulté, à qui son employeur demande de faire un effort, faute de quoi il devra s'en séparer pour l'envoyer rejoindre la cohorte de ceux qui ne trouvent pas d'emploi, parce qu'il n'y en a pas – je ne porte pas là de jugement –, comment imaginer, disais-je, que ce salarié refuse ?

Il faut tenir compte de cette situation, et le droit du travail est précisément fait pour cela : pour fixer des planchers en dessous desquels on ne peut aller. Sinon, et même si les délocalisations sont impossibles dans le commerce, on peut imaginer toutes les sortes de chantage à l'abaissement des niveaux sociaux. Cela n'a certes pas lieu partout, mais c'est le principe de la concurrence. M. Ollier nous a, ce matin, fait une leçon sur le marché et sur la concurrence : le code du travail existe précisément pour apporter une contrepartie à cette loi du marché – dont nous ne contestons d'ailleurs pas l'existence. Nous ne vous avons pas attendu, monsieur Ollier, pour comprendre que le marché et la concurrence existaient ! Peut-être nous prenez-vous pour des benêts, mais il ne faut pas être agrégé d'économie pour savoir que tout cela existe ! Et si nous l'ignorions, l'actualité nous le rappellerait tous les jours, comme elle le rappelle à 3 000 salariés chaque jour !

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