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Intervention de Jean-Paul Bailly

Réunion du 21 décembre 2010 à 17h00
Commission des affaires économiques

Jean-Paul Bailly :

En ce qui concerne le respect du délai J+1, j'observe un vrai divorce entre certains commentaires faisant état de la multiplication de difficultés locales et la mesure globale de la performance, qui est effectuée par un organisme indépendant, selon des critères et des méthodes sur lesquels nous n'avons pas prise, et qui montre une amélioration continue.

Les métiers de la distribution ont à combiner deux savoir-faire : un grand savoir-faire industriel et logistique, et un savoir-faire d'adaptation aux réalités locales. Une priorité des prochaines années sera de conforter les progrès considérables enregistrés dans la performance de l'outil logistique et d'établir des modes de fonctionnement et d'adaptation permettant d'effacer les anomalies locales. Celles-ci ne sont pas si nombreuses mais sont très irritantes et contribuent à donner une mauvaise image du groupe. Pour le dire autrement, il faudra donc non seulement améliorer la qualité de service mesurée statistiquement, mais aussi la qualité de service perçue sur le terrain. Cela passera par des modes d'organisation moins centralisés et prenant plus en compte les réalités locales.

Il est exact qu'au regard de l'importance du produit, la qualité de service n'est pas suffisante pour les lettres recommandées.

Pour ce qui est de l'avancement de l'heure des levées, il existe certaines raisons locales mais la raison la plus importante est l'obligation de se connecter au réseau national avant une certaine heure si l'on veut respecter le délai d'acheminement de J+1. Or ce réseau, qui emprunte essentiellement les autoroutes et les voies aériennes, est moins performant qu'auparavant : la limitation de vitesse des camions excédant un certain tonnage est passée de 110 à 90 kmh, ce qui équivaut à un allongement de 20 % du temps d'acheminement, cependant que la sécurité et le contrôle du trafic aérien ont été beaucoup durcis et vont sans doute l'être encore.

Pour ce qui est des problèmes locaux, vous savez que ma porte vous est toujours ouverte.

Plusieurs questions concernent le personnel. Je crois que celui-ci a compris la nécessité de l'évolution. Certes, s'adapter n'est pas facile, tout changement suscitant des inquiétudes. Mais, pour en avoir discuté en profondeur avec le personnel, il apparaît que ce qui serait le plus inquiétant pour lui serait que l'on ne bouge pas – que l'on ne réorganise pas, que l'on n'investisse pas. Lorsque l'entreprise a de l'avenir, le personnel a de l'avenir dans l'entreprise. Les postiers le comprennent très bien et c'est ce qui explique la modestie des mobilisations. Développer et aimer le service public, c'est l'adapter en permanence. Je ne saurais mettre en doute l'honnêteté de ceux qui pensent que le statu quo est le meilleur moyen de préservation, mais je pense que cela n'est pas vrai. L'entreprise, y compris dans la proximité, doit s'adapter en permanence. Les gens, les comportements, les environnements bougent. Comment rester proche de quelque chose qui bouge en étant soi-même immobile ?

L'ambition européenne du groupe se situe surtout dans les domaines du colis et de l'envoi express. Les difficultés rencontrées par l'entreprise allemande DHL, qui a fermé son activité en France et en Grande-Bretagne et tente de revendre son activité aux Pays-Bas, nous confortent dans notre position. Ce marché du colis et de l'express est indéniablement celui qui a le plus d'avenir en Europe et j'observe d'ailleurs que les Néerlandais sont revenus de leur projet de réseau alternatif de courrier européen. Le marché de l'imprimé publicitaire, qui a bien résisté à la crise, offre également de vraies perspectives de développement – en Espagne, au Portugal, en Roumanie par exemple.

Bien sûr, la Banque postale fait partie intégrante du groupe. Toute inquiétude ou interrogation à ce sujet doit être dissipée. Comme l'a dit très pertinemment Jean Proriol, il n'y a pas de Banque postale sans La Poste et il n'y a pas de Poste sans la Banque postale. Du reste, le fait que l'augmentation de capital ait été effectuée au niveau du groupe à diminué la pression qui aurait pu s'exercer sur la filiale : si l'on avait procédé différemment, c'est le capital de la Banque postale qu'il aurait fallu augmenter en l'ouvrant à d'autres partenaires, y compris privés puisque le statut le permet.

Nous n'envisageons pas de créer une structure dédiée aux prêts aux collectivités territoriales. En revanche, nous étudions la façon dont la Banque postale, qui dispose d'un certain volume de liquidités, peut aider et participer aux différentes formes de refinancement.

Nous travaillons à une extension des horaires d'ouverture des bureaux de poste, mais cela prendra du temps car cela suppose des négociations difficiles avec le personnel, qui fait valoir à juste titre les exigences de sa vie de famille. La situation s'améliore progressivement, néanmoins. À Paris, par exemple, tous les bureaux de poste sont ouverts jusqu'à 20 heures et nous étudions la façon dont nous pourrions faire de même dans au moins un bureau de poste de chaque grande ville. À Grenoble, tous les bureaux de poste sont ouverts le samedi après-midi.

S'agissant du véhicule électrique, c'est une longue histoire. En 1905-1910, les premiers véhicules motorisés à quatre roues de l'histoire de La Poste étaient électriques, puis nous avons été sans doute leaders dans les années 1990, avec la plus grande flotte électrique d'Europe, mais le produit n'a pas prospéré faute de capacité d'industrialisation et de performance suffisante des batteries. Mais nous pensons aujourd'hui que le vent a tourné et que les industriels sont désormais convaincus de l'importance du développement du véhicule électrique. De ce point de vue, La Poste peut et doit exercer un rôle très important. D'ores et déjà, PSA-Venturi, qui a remporté le marché, est en train de nous livrer 250 véhicules électriques que nous répartissons dans une vingtaine de villes françaises.

Cette politique ne se limite pas à la voiture. Le vélo à assistance électrique sera généralisé partout où c'est nécessaire. Les facteurs considèrent d'ailleurs que c'est l'élément qui a le plus amélioré leurs conditions de travail au cours des vingt dernières années.

Par ailleurs, le ministre de l'époque, Jean-Louis Borloo, m'avait demandé de réfléchir à une proposition fédérant les demandes de tous les acteurs disposant de flottes industrielles ou de flottes captives – entreprises publiques, privées, collectivités territoriales, administrations – pour des véhicules utilitaires électriques légers. Nous avons donc réuni une vingtaine d'entreprises, de collectivités et d'organismes, dont l'Union des groupements d'achats publics (UGAP), nous nous sommes mis d'accord sur un cahier des charges commun, sur un engagement collectif d'acquérir 30 000 à 50 000 véhicules et sur une procédure d'achat. L'appel d'offres est maintenant lancé et l'on devrait en connaître les résultats d'ici à la fin de l'année. Dans ce cadre, La Poste s'est engagée à commander 10 000 véhicules électriques, ce qui correspond au quart de sa flotte. Nous sommes confiants quant aux performances techniques. Reste à s'assurer d'un point fondamental de l'appel d'offres : que le coût global de possession soit comparable à celui d'un véhicule thermique.

Pour en revenir au changement de statut et à l'augmentation de capital, je ne peux souscrire à ce qu'a dit M. Brottes. Je le répète : les investissements nécessaires pour le plan que je vous ai décrit s'élèvent à 7,5 milliards d'euros, dont environ 5 que La Poste est capable d'autofinancer. Ces 5 milliards correspondent aux investissements courants, de maintenance, du groupe. En revanche, nous ne pouvons financer nous-mêmes les 2,5 milliards de développement et d'innovation et seule l'augmentation de capital nous permet d'y faire face sans nous endetter. À défaut, soit nous renoncerions aux investissements d'innovation et de développement, soit nous continuerions de nous endetter.

Mais nous n'avons jamais dit que ces 2,5 milliards nous étaient nécessaires dès le lendemain du changement de statut pour éviter une faillite : ils sont nécessaires à une politique finançant l'avenir de l'entreprise.

Je ne pense pas que la Caisse des dépôts et l'État aient perdu du temps. Après le changement de statut en mars, le plan d'affaires a été adopté à la fin d'avril. La Caisse des dépôts a examiné ce plan d'affaires de très près jusqu'en juillet et a appris à mieux connaître La Poste. Puis l'État et la Caisse ont ouvert des négociations qui ont abouti à un accord de principe le 18 octobre. Les conditions devraient donc être remplies, y compris les contacts au niveau européen afin de s'assurer du respect du critère de l'investisseur avisé, pour que la souscription à l'augmentation de capital se fasse à la fin du premier trimestre 2011. Cette souscription permettra à la CDC d'entrer au conseil d'administration en la personne de trois représentants. La somme sera probablement libérée en trois fois – du reste, nous n'avons pas besoin de disposer immédiatement de tout l'argent –, d'abord au printemps 2011, ensuite au printemps 2012, puis à la fin de 2012 ou au printemps 2013.

Pour moi, l'augmentation du fonds de péréquation postale ne résulte d'aucun report mécanique. Elle s'explique par le coût de la présence territoriale, lequel, on le sait excède le montant actuel. Qu'il y ait, dans l'utilisation du fonds, une part croissante dédiée au financement des partenariats est une chose, mais tous les autres financements augmentent également, sans phénomène de basculement ou de compensation.

Quant aux 500 millions de notre contribution au plan de relance, il s'est principalement agi d'anticipation d'investissements que nous aurions dû décaler si le plan n'avait pas existé. Durant les années 2007, 2008, 2009 et 2010, nos investissements ont été pratiquement constants, entre 1 et 1,2 milliard. Sans le plan de relance, il y aurait eu de toute évidence un creux entre 2008 et 2009.

S'agissant du crédit revolving, je ne peux prendre d'engagement au nom de la Banque postale. Si l'on en arrive à interdire ce produit, nous nous abstiendrons évidemment mais, s'il est maintenu, pourquoi voulez-vous que ce soit la banque la plus responsable qui soit la seule à ne pas en proposer ?

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