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Intervention de Pierre Moscovici

Réunion du 15 décembre 2010 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 projet de loi de finances pour 2011 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Moscovici :

Comment peut-on faire de telles prévisions sans lancer une nécessaire réindustrialisation du pays en coordination avec nos partenaires européens et sans mener une véritable politique de l'emploi ? L'emploi et la croissance ont une relation évidemment dialectique. On peut dire que la croissance crée l'emploi et également que l'emploi crée la croissance. Depuis quelques années, la croissance française est faible, parce qu'elle est peu créatrice d'emplois. Ce n'était pas le cas pendant les années 1997-2002, chères à Pierre-Alain Muet et à moi-même, années au cours desquelles la France a créé des millions d'emplois. Or la création d'emplois est bloquée dans notre pays depuis plusieurs années et date, en conséquence, d'avant la crise, au cours de laquelle le taux de chômage a, quant à lui, augmenté.

Enfin, troisième observation, vous nous dites, dans votre projet, qu'il convient de restaurer la confiance des ménages et des entreprises pour permettre de remettre l'économie sur les rails de la croissance tout en maîtrisant les déficits. Ce n'est pas beau comme de l'antique, mais c'est une évidence. Malheureusement, là encore, les actes ne rejoignent pas les paroles. En effet, vous persistez dans l'idée que le fonctionnaire est une espèce qu'il faut pourchasser ; vous allez à l'encontre des dépenses sociales avec le gel des minima sociaux, la réduction des contrats aidés ou le refus d'un coup de pouce au SMIC et avec l'asphyxie financière des collectivités locales. Le discours sur l'investissement est intéressant à tenir, mais quand les investissements des collectivités locales s'élèvent à 73 % de l'investissement public et que l'on décide de pénaliser les territoires industriels – en tant que président d'une des agglomérations les plus industrielles de France, j'en sais quelque chose – quelle cohérence cela a-t-il ? Aucune !

Pierre-Alain Muet a justifié notre vote. Nous avons fait des propositions sur la fiscalité. Nous ne pouvons donc, au final, que regretter que ce plan d'ajustement des finances publiques ne soit pas rééquilibré par un volet de recettes plus solide et plus ample. Et il faudrait au moins que ce volet-là soit assumé vis-à-vis de l'opinion publique car, en réalité, vous augmentez les impôts dès cette année ! Il est aussi fort regrettable que vous soyez décidé à changer de discours, mais que vous persistiez dans les mêmes choix budgétaires et fiscaux depuis 2007, alors que le contexte est différent. Avec de telles propositions, la France va continuer à accumuler un endettement insoutenable ! Votre politique de dépenses peu crédible, vos choix fiscaux déséquilibrés et injustes ne répondent pas à la situation des finances publiques de notre pays.

Vous pouvez donc compter sur nous pour continuer à tenir, auprès de nos concitoyens, un discours de vérité et de transparence sur l'état financier du pays et sur des réformes justes et négociées qu'une fois de plus vous avez décidé d'ignorer. Telle sera notre attitude. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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