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Intervention de Christophe Caresche

Réunion du 8 décembre 2010 à 15h00
Déclaration du gouvernement préalable au conseil européen et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Caresche :

Cette proposition avait également le mérite d'esquisser une solution au problème de croissance que vont connaître la plupart des États européens. Comment un État surendetté pourra-t-il retrouver une perspective de croissance durable, dans un contexte d'euro fort, sans marge de relance budgétaire et avec une concurrence européenne et internationale agressive ? Ce n'est plus une course à handicap que vont courir ces pays, c'est une course perdue d'avance. Chacun sait bien que le point aveugle de l'approche budgétaire et financière des responsables européens aujourd'hui, c'est la question de la croissance et de la reprise en Europe. Il faut impérativement ouvrir des perspectives dans ce domaine.

D'abord, en ayant une vision réaliste du rythme auquel l'ajustement budgétaire doit se faire. La rapidité, l'ampleur des efforts qui sont demandés à certains pays ne sont pas soutenables économiquement et socialement.

Ensuite, en impulsant une véritable coordination des politiques économiques au niveau européen. L'insuffisance de cette coordination est un constat récurrent depuis la création de l'euro. Certains pays ont des excédents alors que d'autres accumulent des déficits publics ou privés. Et la crise, loin de rapprocher les économies européennes, contribue à les éloigner encore un peu plus.

Aux efforts demandés aux uns doit correspondre la relance chez les autres. L'Europe n'est pas condamnée à la juxtaposition de plans de rigueur. Elle a des marges de manoeuvre. Il faut, de ce point de vue, approfondir la discussion avec l'Allemagne en lui faisant valoir qu'elle a intérêt à la reprise en Europe, et pas seulement chez elle. Au passage, nous regrettons vivement que le gouvernement français, qui s'y était engagé ici même, n'ait pas obtenu une harmonisation fiscale dans le cadre de l'aide à l'Irlande.

Enfin, comme cela a été dit, il faut donner à l'Europe les moyens d'investir et de soutenir les dépenses d'avenir. La question du budget européen est, semble-t-il, en voie de règlement, monsieur le ministre, mais d'une manière qui n'est pas satisfaisante puisque celui-ci n'augmentera que très faiblement.

Nous suggérons, avec le parti socialiste européen, qu'une taxe européenne sur les transactions financières soit créée pour alimenter un fonds du même budget européen pour mener une politique d'investissement et de grands équipements au niveau européen. Ce sont 200 milliards d'euros qui pourraient être mobilisés à cette fin.

J'en termine. Chacun sent bien que l'Europe est à la croisée des chemins. C'est par une plus grande intégration qu'elle pourra faire face aux défis auxquels elle est confrontée. C'est notre conviction. Loin du repli national, c'est par plus d'Europe que l'on répondra aux aspirations des Européens. Mais pour cela, il faut tracer une perspective, il faut porter une ambition et refuser de s'enfermer, comme aujourd'hui, dans un accompagnement à la petite semaine de la crise.

Il manque à l'Europe une voix forte, comme le faisait justement remarquer hier Helmut Schmidt, une voix à laquelle les Européens pourraient adhérer dans ces circonstances si difficiles. La France pourrait être cette voix. La France devrait être cette voix. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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