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Intervention de Yves Cochet

Réunion du 26 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Cochet :

…vous avez poliment écouté tous les responsables syndicaux de ce pays. Ils vous ont expliqué que votre texte ne parviendrait pas à assurer un équilibre financier pérenne du système de retraites, que votre méthode ne saurait recueillir le consensus minimal sans lequel il n'est pas possible de toucher à un édifice fragile, fruit d'une longue histoire, et qui constitue l'un des piliers de notre pacte républicain. Vous leur avez fermé la porte et avez persisté dans vos erreurs.

Au final : aucun compromis. Depuis juin dernier, les Français ont manifesté leur espoir de voir leurs revendications entendues, leur exaspération devant la surdité du Gouvernement, leur colère devant le mépris qui leur était opposé.

Je n'entrerai pas ici dans la querelle sur le nombre de manifestants, laquelle ne revêt aucune importance. Je me contente de vous rapporter un simple constat : dans mes conversations de député avec des habitants de ma circonscription, je n'ai pas rencontré un citoyen – je dis bien pas un seul – qui ait manifesté sa conviction que le texte gouvernemental représentait vraiment une solution crédible au défi du financement de notre système de retraite. Certains m'ont parfois fait part de leur résignation : « Il faudra bien y passer. » J'ai le plus souvent rencontré de la colère, un sentiment d'injustice, face au refus d'une prise en compte réelle de la pénibilité, face à la situation faite aux plus fragiles, à celles et ceux qui ont des carrières longues – et seront condamnés à travailler plus pour ne rien toucher en plus – comme à celles et ceux qui subissent des carrières décousues, faites de périodes de chômage ou d'éloignement de l'emploi et auxquels on ne propose aucune perspective.

De la résignation parfois, de la colère souvent, mais jamais – je dis bien jamais – de confiance en l'avenir. Finalement, au bout de ce débat, c'est cette réalité-là qui vous rattrape, monsieur le ministre, puisque votre réforme n'est pas crédible. Il n'est que de lire, depuis des semaines, les enquêtes d'opinion qui montrent cette perte de confiance en votre réforme. D'ailleurs vous y croyez si peu vous-même que, dans un accès un peu tardif mais insuffisant de sincérité, vous avez, dans la nuit, accepté au Sénat une proposition proprement incroyable : alors que vous prétendiez résoudre l'équation du financement des retraites jusqu'en 2018, vous avez reconnu l'échec de cette ambition en posant le principe d'une remise à plat globale du système dès 2013.

Que prévoyez-vous maintenant ? Une large et sincère négociation sociale en 2013, celle-là même que vous avez refusé de mettre en oeuvre au cours de ces derniers mois ! Vous prévoyez un vrai débat où tout sera mis sur la table : les principes du système, les inégalités en termes d'espérance de vie liées notamment à la pénibilité des métiers, bref, tout ce que vous avez refusé d'examiner au cours du débat qui s'achève.

Vous reconnaissez par conséquent l'inanité de votre projet en renvoyant à 2013 le débat et l'élaboration de solutions. Cette méthode, nous la critiquons. Il est un point que nous, députés écologistes, avons toujours défendu, à l'instar de nombreuses centrales syndicales : l'urgence à tout mettre sur la table. Il y a urgence à dessiner ensemble le modèle de l'évolution de notre pays, pour notre économie, pour nos finances publiques, qu'il s'agisse du budget de l'État ou des comptes sociaux. Il y a urgence à reconstruire un pacte social, que votre politique de gribouille déchire par pans entiers. Cette urgence à réformer, elle demeure entière ; vous l'avez avoué vous-mêmes il y a quelques heures.

Au cours de ce simulacre de débat, nous avons présenté des propositions : j'ai moi-même, contrairement à ce que vous prétendez, pendant plus d'une heure, énoncé très calmement toutes les propositions des écologistes sur le système des retraites.

Nous vous avons proposé de parier sur la liberté de choix des salariés, sur leur capacité à arbitrer, en fonction de leur situation personnelle, entre leur souhait d'accéder à une autre phase de leur vie personnelle et leurs revenus. Cela supposait tout à la fois un maintien du droit à partir à soixante ans, des règles claires et stabilisées en matière d'annuités de cotisations, comme pour le niveau des pensions. Vous avez répondu non.

Nous avons proposé une réelle prise en compte de la question des femmes. Vous avez accepté une avancée microscopique qui ne répond en rien au défi de l'égalité et de la justice que nous relevions.

Nous vous avons proposé de multiplier les voies de financement de notre système de retraites par répartition en suggérant, par exemple, de pratiquer des hausses réparties et contenues plutôt que de charger la barque de tel ou tel contributeur.

C'est pourquoi nous avons proposé la mise à contribution des revenus du capital ou des revenus exceptionnels comme les stock-options. Vous avez répondu non.

Nous avons défendu la suppression pure et simple des retraites-chapeaux. Vous avez répondu non.

Conscients de l'aspiration de nos concitoyens à une exemplarité forte de leurs représentants, nous avons proposé – même si cette décision ne relève pas directement de l'Assemblée en tant que telle – d'aligner le régime de nos retraites de parlementaires car, si cela est anecdotique d'un point de vue quantitatif, c'est symboliquement important.

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