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Intervention de Marisol Touraine

Réunion du 26 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarisol Touraine :

Que dites-vous aux jeunes générations qui s'inquiètent de l'avenir alors que le déséquilibre démographique atteindra son pic après 2025 ? Rien ou, plutôt, vous leur dites d'abord qu'on reprendra tout en 2013 et qu'ils verront bien alors à quelle sauce ils seront mangés, pour leur conseiller ensuite de souscrire une assurance privée – c'est logique puisque vous ne préparez pas l'avenir – incitant ainsi chaque jeune à se tourner vers la capitalisation. Vous pouviez éviter tout cela en acceptant de mettre à contribution les revenus du capital : vous l'avez refusé.

Une autre réforme reste possible. Les socialistes ont formulé des propositions que vous avez ignorées avant de les mépriser. C'est votre affaire, mais les Français les ont entendues et nous continuerons de les défendre.

Nous mettons en avant trois piliers.

Le premier est évidemment celui de l'emploi, singulièrement de l'emploi des seniors sans lequel le rétablissement des comptes reste une chimère et le relèvement de l'âge légal une escroquerie ; et je pèse mes mots. À cette fin, nous préconisons de mettre enfin en oeuvre des mesures de bonne pratique inspirées des pays du nord de l'Europe ou du Canada.

Le second pilier est celui de l'équité dans l'effort, qui passe par la mise à contribution des revenus du capital et le maintien du fonds de réserve que nous proposons d'alimenter grâce à une surtaxe sur les bénéfices des banques et des institutions financières ainsi que par l'augmentation de 0,1 % des cotisations vieillesse pendant dix ans. On ne voit pas au nom de quelle logique, d'ailleurs, vous avez refusé cette proposition au motif qu'elle pénaliserait le pouvoir d'achat des Français, alors même que vous augmentez de près de trois points la cotisation des seuls fonctionnaires. Sans doute, comme il s'agit de fonctionnaires – dont vous gelez par ailleurs le revenu –, l'impact de votre réforme sur leur pouvoir d'achat ne vous préoccupe-t-il guère.

Le troisième pilier de notre projet touche aux mesures démographiques que nous n'esquivons pas. Le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite est la plus injuste puisqu'elle n'affecte que ceux qui ont commencé à travailler jeune. Pour nous, c'est un autre dispositif qu'il s'agit d'instaurer, dont la durée d'assurance serait le pivot et qui devrait varier selon les conditions de travail et le parcours professionnel. Il est juste de dire qu'une partie des Français devra travailler plus longtemps, mais c'est dans ce cadre que nous proposons aux jeunes salariés de surcotiser pour valider des années d'étude, que nous demandons aux entreprises de cotiser pour les stages de fin de cursus et que nous préconisons de prendre en compte la pénibilité des emplois.

Au terme de ce processus, monsieur le ministre, puisque vous représentez le Gouvernement, je tiens à vous faire part de notre colère, qui reflète celle des Français.

J'ai parlé de naufrage démocratique, mais vous serez comptable aussi d'une véritable faillite politique.

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