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Intervention de Laurent Bigorgne

Réunion du 29 septembre 2010 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Laurent Bigorgne, directeur général adjoint de l'Institut Montaigne :

La frustration d'un élève de cinq, six ou sept ans devant l'échec est quelque chose de très fort. Dès lors, comment l'aider ? Il faudrait que nous nous fixions comme priorité globale que 95 % des élèves français – contre 60 % aujourd'hui – arrivent à un niveau de bon lecteur. On imagine bien les effets vertueux que pourraient avoir, y compris pour les enseignants, de meilleurs résultats globaux.

Comment aider les enseignants dans le traitement de la grande difficulté ? Dans le cadre de l'expérience de Lyon, les enseignants ont suivi six jours de formation. Certains y allaient à reculons – c'est normal compte tenu du nombre de réformes qu'ils ont vécues ces dernières années. Et pourtant, à l'issue de la formation, les résultats du questionnaire d'évaluation rempli sont excellents : en donnant aux enseignants des outils immédiatement utilisables au lieu de leur parler amélioration à dix ans, on entraîne des dynamiques très positives. Il me paraît donc essentiel que les réformes dans l'éducation nationale ne visent pas un objectif à dix ou même à cinq ans, mais à dix-huit mois. Nous devons avoir cette culture de projet qui permette d'obtenir dès la rentrée suivante un certain nombre d'améliorations et de les mesurer. J'insiste sur ce dernier point, car en matière d'évaluation, nous sommes clairement sous-équipés. Nous ne disposons guère que de PISA une fois tous les trois ans. Peut-être le Parlement pourrait-il peser en faveur d'un renforcement des outils de pilotage.

En ce qui concerne la formation des enseignants, je crois que nous avons intérêt à rompre la monotonie. Il faudrait déjà faire comprendre que le métier d'enseignant peut aussi s'apprendre en apprentissage ou par alternance. Il est tout de même surréaliste qu'un futur enseignant puisse attendre trois, quatre ou cinq années d'études supérieures pour mettre les pieds dans une classe ! Rien n'empêche de généraliser la possibilité d'aller avant la licence dans les salles de classe, fût-ce comme observateur ! C'est de bon sens à l'heure où l'on se bat pour promouvoir l'apprentissage et cela permettrait à certains de se rendre compte que ce métier n'est pas fait pour eux, à d'autres de conforter leur vocation. De plus, la présence d'apprentis apporterait de la variété à l'environnement de la classe.

Pour le programme « Parler », Michel Zorman répartit les élèves de sa classe en cinq groupes de niveau. Il consacre une demi-heure par jour, pour chaque groupe, à des exercices qui renvoient à la maîtrise du vocabulaire, du code phonologique et du code alphabétique, en faisant participer individuellement chaque élève. Pendant ce temps, le reste de la classe est soit en autonomie, soit confié à un autre adulte. Ce que l'éducation nationale n'a pas réussi à grande échelle – car il y a des enseignants exceptionnels qui la pratiquent – c'est l'individualisation de la pédagogie. Or celle-ci doit se faire en classe entière plutôt qu'en aide individualisée.

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