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Intervention de Sandrine Mazetier

Réunion du 30 septembre 2010 à 21h30
Immigration intégration et nationalité — Article 13, amendement 366

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Mazetier :

Le rapporteur avait bien commencé, mais il a moins bien conclu.

Il a raison de s'interroger sur le fait que les Français sont mobiles. C'est probablement une chance pour la France que plus de deux millions et demi de nos compatriotes partent travailler à l'étranger et y gagner des marchés. Quand nous pensons à eux, nous n'imaginons d'ailleurs pas qu'ils passent toute leur vie à l'étranger. Certains le font, mais la plupart rentrent.

Pourquoi, lorsque nous parlons du reste du monde, ne raisonnons-nous pas dans les mêmes termes ? C'est très étonnant. Thierry Mariani a raison de dire qu'il existe une compétition mondiale, mais il est dans l'erreur lorsqu'il considère qu'une séparation absolue peut être tracée entre qualifiés et moins qualifiés. Il se trompe encore plus lorsqu'il estime justifiée l'extrême contrainte que nous faisons peser sur l'entrée de ressortissants – je serai schématique, mais vous m'en excuserez – des pays situés au-delà de la Méditerranée, alors que notre situation géographique, nos liens historiques, la francophonie font que nous devrions au contraire avoir des échanges accrus avec eux.

Ces freins que nous mettons à la venue des uns incitent les autres à aller voir ailleurs. Le rapporteur a évoqué ceux que le Québec récupère après leur passage en France, mais, en réalité, la plupart ne passent même plus par la France ! Nous sommes effectivement en compétition avec des pays qui captent les élites des pays du Sud, mais il n'y a pas de fatalité à ce que la France soit perdante dans cette compétition, à ce qu'elle tourne le dos à sa situation exceptionnelle, à sa sphère d'influence historique, pour peu que nous cessions de nous aligner systématiquement sur les mesures européennes tendant à la fermeture et à la restriction.

Les migrants sont des agents économiques. Cela coûte cher d'émigrer. Eh bien, quand on a pour seule perspective d'obtenir un titre de séjour d'un an, dont on ne peut même pas être sûr qu'il sera renouvelé, on préfère aller ailleurs, là où les choses sont plus simples, plus visibles, plus prévisibles. C'est pour cela que nous vous appelons à réfléchir à la politique migratoire en des termes à la fois pacifiés et ambitieux. Cela nous concerne tous, y compris les Français eux-mêmes.

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