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Intervention de Jean-Claude Guibal

Réunion du 7 juillet 2010 à 15h00
Interdiction de la dissimulation du visage dans l'espace public — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Guibal :

La France, terre des arts, des armes et des lois, la France de Joachim du Bellay, la France de Montaigne et de Montesquieu, la France des Lumières.

La France qui a inventé la conversation, la galanterie, la courtoisie, la civilité et la politesse. Bref, la France civilisatrice, celle que nous aimons et dont nous sommes les héritiers et les citoyens, subit depuis trop longtemps les coups de boutoir de groupes de diverses sortes qui, au prétexte du droit à la différence, cherchent à lui imposer leurs lois. La société française, que la IIIe République avait su unifier sans rien lui faire perdre de sa diversité, est en train de se fragmenter sous l'action de mouvements prêchant une société qui n'est pas la nôtre. Ils menacent notre modèle républicain, ses valeurs, ses pratiques, notre capacité à vivre ensemble.

Nous sommes responsables de ce processus de « décivilisation » dénoncé par Alain Finkielkraut. À force de renoncements, que des principes pervertis servaient à justifier, nous avons trop longtemps refusé, en tout cas jusqu'en 2007, de faire face à des problèmes majeurs et vécus comme tels par nos concitoyens. Je pense en particulier à l'insécurité et à l'immigration. En les considérant comme tabous, nous les avons abandonnés à des partis extrémistes dont nous avons ainsi alimenté le fonds de commerce. Ne sommes-nous pas allés jusqu'à préférer occulter le fait historique que notre culture s'était élaborée sur la base de valeurs judéo-chrétiennes ? Et n'avons-nous pas préféré aussi, plus récemment, interrompre le débat sur l'identité nationale au motif qu'il risquait de faire émerger des conceptions dont je croyais qu'elles étaient les nôtres ?

La tentative de certains fondamentalistes islamistes d'imposer le droit de porter la burqa en France, intervient presque en même temps que la pantalonnade honteuse des petits caïds friqués et décérébrés de notre équipe nationale de football, après une période de gestation marquée par des atteintes répétées aux symboles de notre nation.

Cette concomitance présente au moins l'avantage d'accentuer la prise de conscience, par la plupart de nos concitoyens, que la cote d'alerte est atteinte et qu'il est temps de réagir. En espérant qu'il ne soit pas trop tard pour le faire efficacement.

Les Français, nos concitoyens, sont tolérants et respectueux de leurs différences respectives, mais ils sont aussi et, d'abord, attachés à leur mode de vie et à la cohésion de notre société. Contrairement à une partie de leurs élites, ou supposées telles, protégées par leur statut et mues par leur besoin de se donner bonne conscience, ils n'acceptent pas que certains groupes refusent de vivre en France comme des Français. Ils n'acceptent pas que leurs prétentions en forme de provocations menacent les règles républicaines de notre vivre ensemble. Ils n'acceptent pas les atteintes à la sécurité publique et à la dignité de la femme qui en résultent, non plus que l'ébranlement du sentiment d'appartenance à la nation française et la tentative de dislocation de celle-ci qui les sous-tend.

Il est donc urgent, si nous voulons éviter des bouleversements politiques incontrôlables, de protéger les fondements de notre vivre ensemble entendu comme un socle minimal d'exigences réciproques nécessaires à la vie en société. Cet ordre public garantit l'équilibre subtil, celui d'une société civilisée, entre nos valeurs fondamentales de liberté, d'égalité, de fraternité et de respect de la personne humaine, qui pourraient, sans lui, être antagonistes.

Telle est l'ambition du projet de loi qui nous est soumis et qui doit nous permettre d'inscrire dans notre droit les fondements du vivre ensemble.

En estimant que le fait de dissimuler son visage en public est manifestement contraire au socle minimal d'exigences réciproques nécessaires à la vie en commun, c'est-à-dire à l'ordre public sociétal ou immatériel, la loi ne fera qu'adapter notre modèle républicain à l'état actuel de la société française.

Cette règle, auparavant implicite, doit, du fait des violations de plus en plus nombreuses dont elle fait l'objet, être désormais explicitée dans notre droit.

Il faut, bien sûr, avoir le courage d'adopter une interdiction totale de dissimuler son visage dans l'ensemble de l'espace public plutôt qu'une interdiction partielle qui conduirait paradoxalement à en légaliser le principe.

Sans doute faut-il aussi prendre quelques précautions pour éviter que le texte que nous allons voter ne soit victime de l'interprétation à son tour fondamentaliste de nos sacro-saints principes de l'État de droit. Mais il me semble essentiel que nous votions de manière claire et massive le refus de la burqa dans notre espace public si nous voulons éviter à terme la remise en cause de notre modèle politique et de notre pacte social. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

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