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Intervention de Philippe Gosselin

Réunion du 1er juillet 2010 à 9h30
Modernisation de l'agriculture et de la pêche — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gosselin :

Il faut que la loi de modernisation de l'agriculture en corrige les effets les plus pervers et c'est ce qu'elle tente de faire. Dans ce contexte, l'observatoire des prix et des marges doit, à l'évidence, être renforcé. Vous avez tenté de le faire, monsieur le ministre, et nous vous soutiendrons. Le coefficient multiplicateur est à mettre en avant alors même que les services de Bercy freinent parfois des quatre fers.

Dans l'Europe naissante, dans les années qui ont suivi la reconstruction, nous avons fait des choix, choix d'une agriculture performante mais familiale, choix d'une politique agricole commune. C'était ce qu'il fallait faire.

Il y a au moins deux niveaux de réponse à la crise actuelle, sans parler de l'OMC même si je regrette personnellement que l'agriculture ait été intégrée dans ses négociations : l'Europe et la France.

S'agissant de l'Europe, grâce à l'action dynamique et courageuse – et je le dis avec beaucoup de satisfaction – de notre ministre de l'agriculture, que sa fine connaissance des arcanes de l'Europe rend crédible, notre grand isolement a pris fin. Je salue notamment la déclaration de Paris du 19 décembre 2009 et tout le travail qui en découle. La France est de retour dans l'Europe agricole, la France n'est plus seule. Certes, nous devons encore progresser, agréger d'autres pays et travailler, mais nous avançons.

Prenons garde cependant aux distorsions de concurrence entre pays qui seraient dues à l'existence de normes différentes. Parfois trop exigeants, parfois plus royalistes que le roi, nous nous tirons, dirons-nous trivialement, une balle dans le pied. Cessons de fixer à l'échelon national des normes que l'Europe n'exige même pas de nous. Cessons de pousser notre brouette paperassière, cela a été dit par M. Le Fur et d'autres de nos collègues hier. Que dire encore d'une fiscalité différente ou de durées d'amortissement fort variables ?

Quant au plan national, sans être forcément la panacée, la réponse absolue à tous nos maux et difficultés, cette loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche ouvre des opportunités. Parce qu'il n'y a pas une agriculture unique, la réponse ne peut être unique, et c'est bien la combinaison des différents niveaux, français, européens, qui permet d'avancer. En la matière, la contractualisation peut être une vraie chance si elle n'est pas la traduction d'une intégration forcée dont on a vu par ailleurs les limites. De même, l'assurance peut être un réel et très bon support, si toutefois l'État ne se désengage pas totalement du système des calamités agricoles, s'il continue à soutenir publiquement, le cas échéant, les productions et garde en tout cas une part active dans la prévention et, bien sûr, la gestion des crises sanitaires. Quand il le faut, la solidarité nationale doit s'exprimer. Une dose de régulation ne nuit pas, mais n'allons pas trop loin, gardons cette idée de régulation.

Il faut aussi se réjouir de la protection des terres agricoles, alors que, tous les dix ans, c'est un département français qui disparaît.

En conclusion, ce projet de loi et la politique publique de l'alimentation qui doit être élaborée doivent être l'occasion de rappeler l'importance de nos agriculteurs, ceux qui nous nourrissent, qui entretiennent, font vivre nos territoires ruraux. C'est le premier pas vers un nouveau système à la hauteur des enjeux qui ont été cités tout à l'heure : la souveraineté alimentaire qui est essentielle, la santé publique bien sûr, l'aménagement du territoire et le développement durable, sans oublier évidemment l'essentiel, à savoir que chaque agriculteur puisse vivre convenablement de son travail et regarder l'avenir avec sérénité. Je ne veux plus de ces agriculteurs qui ont honte de dire ce qu'ils font. J'ai honte moi-même quand ils n'arrivent plus à rémunérer leur travail et qu'ils ne rêvent que d'une chose : que leurs enfants ne prennent pas la relève.

Oui, l'agriculture a un avenir. Il faut nourrir la planète ; c'est le défi quantitatif. Les pays émergents comme l'Inde ou la Chine ont des besoins croissants, et c'est une chance ; c'est le défi qualitatif. Ils représentent l'équivalent de notre marché intérieur européen, avec une classe moyenne qui consomme de plus en plus. Il y a plus que des espoirs, il y a des marchés. Ce texte, monsieur le ministre, suscite beaucoup d'espoirs. Faisons en sorte de ne pas les décevoir.

Je n'aurai sans doute pas le lyrisme dont a fait preuve, hier soir, Jean Lassalle. Mais sachez, chers agriculteurs, qu'on vous aime et que le pays a vraiment besoin de vous !

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