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Intervention de Yves Fromion

Réunion du 6 juillet 2010 à 15h00
Orientation des finances publiques pour 2011 — Débat et vote sur une déclaration du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Fromion :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le ministre, mes chers collègues, je souhaite vous adresser quelques mots au sujet de nos dépenses pour la défense.

La contribution du ministère de la défense à la réduction de nos déficits publics, à savoir environ 1,5 milliard d'euros sur trois ans, apparaît inférieure à l'annonce initiale. C'est heureux et responsable, non seulement compte tenu des efforts que nous demandons à nos forces armées sur les théâtres extérieurs où elles sont engagées, mais aussi au regard de nos voisins européens, comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne et d'autres pays, où les forces armées deviennent la variable d'ajustement des politiques de réduction des déficits. Vos choix, donc, sont sévères mais responsables.

Il faudra néanmoins réfléchir aux points d'application concernés par les réductions budgétaires. Je veux à cet égard rappeler une anecdote assez calamiteuse.

Ici même, le 12 novembre 1997, le ministre de la défense de l'époque, M. Alain Richard, nous annonçait que le budget de la défense serait réduit de 3,2 %. Il s'agissait de financer les emplois-jeunes. Soit : c'était un choix politique, mais le problème était le ciblage des points d'application concernés par les réductions ; et je dois dire à nos collègues socialiste que le résultat ne fut guère miraculeux : si nos forces armées, cette année, sont obligées d'acheter des missiles Spike aux Israéliens et des missiles Hellfire aux Américains pour équiper nos soldats en Afghanistan, c'est tout simplement parce que, en 1997, les crédits de recherche et développement dédiés aux missiles Trigat construits par MBDA ont été annulés, alors que ces missiles devaient nous permettre de rester un pôle d'excellence mondiale en la matière.

Afin d'éviter des conséquences aussi fâcheuses, madame la ministre, monsieur le ministre, il faut bien définir ce sur quoi porteront les réductions budgétaires. Vous avez dit à ce sujet, madame la ministre, qu'il convenait de maintenir les dépenses utiles. Celles-ci, en matière de défense, concernent la recherche et le développement, l'espace et l'aéronautique, domaines d'excellence industriels. En définitive, il faut préserver tout ce qui touche à la haute technologie, elle-même liée à nos exportations : si elles n'exportent pas, nos industries ne pourront plus faire face ; et sans haute technologie, nous ne pourrons pas davantage maintenir l'équipement de nos forces armées au niveau qui est actuellement le leur.

Vous avez déclaré à juste titre, madame la ministre, que la réduction des déficits publics était une exigence pour la souveraineté nationale ; nos soldats contribueront donc eux aussi à préserver cette souveraineté économique et budgétaire, mais il ne faut pas oublier qu'ils sont déjà les garants de la souveraineté nationale, parfois au prix de leur sang. C'est pourquoi il était juste et responsable, monsieur le ministre, que le ministère de la défense soit relativement préservé des efforts que vous imposez aux autres ministères. En matière de protection de la souveraineté nationale, on ne peut en effet demander à nos soldats de payer deux fois. Bref, vos choix sont équitables et je les soutiens pleinement.

Pour terminer, au moment où tous les pays européens connaissent les mêmes difficultés budgétaires, sont confrontés aux mêmes exigences d'économies et voient leurs programmes remis en cause, il serait souhaitable qu'une coopération et une mutualisation de leurs dépenses militaires soient mises en oeuvre de façon efficace. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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