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Intervention de Alain Néri

Réunion du 29 juin 2010 à 18h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Néri :

En voyant leurs adversaires prendre aussi facilement le ballon dans les pieds des joueurs de l'équipe de France, je me suis demandé si ces derniers n'allaient pas finir par jouer les mains dans les poches, peut-être pour empêcher tout l'argent qui s'y trouvait de s'en échapper… Vous avez donc eu raison de dire, madame la ministre, que, si nous sommes face à un important problème, ce n'est celui ni du sport, ni du football français. J'ajouterai même, tant l'argent dégouline aujourd'hui sur le football professionnel, que cet échec n'est pas celui de l'équipe de France mais celui de l'équipe du fric !

On constate par ailleurs un désamour total vis-à-vis de l'équipe de France. Aucun des nombreux enfants qui participaient récemment à la fête de mon village ne portait le maillot bleu ! Quand la relation entre la jeunesse et ceux qui sont censés la représenter au niveau international en est là, on a du souci à se faire !

Il est révélateur que, depuis de nombreux mois, les seuls textes relatifs au sport qui nous ont été présentés aient surtout porté sur l'argent. Tel a été le cas de la loi « Lamour », qui avait créé le droit à l'image collectif et que j'ai combattue. Je vous sais gré, madame la ministre, d'avoir fait en sorte, en vous opposant à Mme Rama Yade, que cette disposition soit supprimée, même si cette suppression n'a été effective qu'à compter du mois de juin, au motif qu'il fallait laisser s'achever la saison en cours, sans doute afin d'éviter que ces braves gens ne se retrouvent au RSA…

Ce texte exonère par ailleurs les clubs professionnels du versement du « 1 % formation ». Or, vous l'avez vous-même souligné, il est particulièrement nécessaire de bien former des jeunes qui entrent très tôt dans un sport professionnel surpayé et perdent vite le contact avec la réalité. Qui plus est, parce qu'il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus et que certains se trouvent de la sorte dans une situation sociale difficile, les sommes ainsi collectées pourraient aussi faciliter la reconversion.

Nous avons également dénoncé la loi sur les agents sportifs qui a fait suite à la mission d'information conduite par notre collègue Dominique Juillot – faut-il rappeler que notre demande de création d'une commission d'enquête sur les transferts et les agents avait été refusée ? En effet, avec ce texte, on a tout simplement légalisé ce qui était jusque-là illégal, en particulier le fait que celui qui utilise les services d'une personne fasse rémunérer cette dernière par son propre employeur : en clair, l'agent du joueur est payé par le club avec lequel il négocie, un peu comme si l'entreprise payait les honoraires de l'avocat du salarié qui la poursuit devant les prud'hommes.

Quant à la loi sur les paris en ligne, je sais gré à Bernard Depierre d'avoir avoué tout à l'heure quel était son véritable objectif. C'est bien ce que nous avons dénoncé tout au long du débat auquel je regrette, madame la ministre, que vous n'ayez pas participé. Quand on voit les publicités qui incitent sans cesse à parier, on mesure à quel point il était urgent que cette loi soit votée avant la Coupe du monde pour que l'argent puisse couler à flots !

Tout cela confirme ce que je dis budget des sports après budget des sports : il y a trop d'argent dans le sport et pas assez d'argent pour le sport !

Je regrette que, lorsqu'avec Henri Nayrou, nous sommes parvenus à faire passer à 5 % le prélèvement sur les droits télé, nous n'ayons pas proposé d'aller jusqu'à 20 % : les clubs professionnels n'en seraient pas morts et les clubs amateurs en auraient profité.

Enfin, vous parlez de transparence et de démocratie. Eh bien, il faut revoir le mode de désignation des responsables fédéraux et appliquer le principe « un licencié-une voix ». L'amendement en ce sens que j'avais fait adopter en Commission n'a pas été retenu en séance publique ; nous reviendrons à la charge !

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