Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Jean-Louis Borloo

Réunion du 29 juin 2010 à 18h00
Mission d'information sur les raisons des dégâts provoqués par la tempête xynthia

Jean-Louis Borloo, ministre d'état, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, chargé des technologies vertes et des négociations sur le climat :

Je ferai d'emblée une remarque : face à ce drame, tout le monde s'est bien comporté et a agi de façon solidaire, sans mettre en cause qui que ce soit. Dans une société qui est fréquemment celle de la dénonciation, il y a lieu de s'en féliciter.

Nous nous sommes trouvés face à un événement dont la forme et l'ampleur étaient inconnues. La veille, personne n'imaginait ce qui allait se passer. Celui qui aurait parlé d'un risque eût été considéré comme un oiseau de mauvais augure. Maintenant, il s'agit moins de chercher à savoir comment on aurait dû agir, que d'anticiper d'autres événements – quelqu'un m'a expliqué, par exemple, que si le Lay, rivière qui arrive directement sur le littoral, avait été en crue, c'eût été bien pire. Il nous faut donc prendre en compte non plus les risques connus, mais les risques possibles, évidemment difficiles à apprécier.

Avec le recul et l'expérience, si un événement de cette nature se reproduisait, que faudrait-il faire ? Très honnêtement, je ne peux répondre à cette question avec une totale certitude.

Les sinistrés de la tempête Xynthia ne sont pas les plus fortunés du pays et leurs biens immobiliers constituaient l'essentiel de leur patrimoine. Ils n'ont pas forcément envie de vivre dans un endroit dévasté, traumatisé, où les biens perdront irrémédiablement de leur valeur et où de tels événements risquent de se reproduire avec encore plus de gravité.

Il a été décidé, et c'est une décision de caractère politique, que les biens des sinistrés conserveraient la valeur qu'ils avaient avant la tempête. Ceux qui souhaitent vendre leur bien bénéficient ainsi d'une mesure exorbitante du droit commun. Il n'était pas possible de faire une distinction parmi les habitants de ces zones, entre ceux qui auraient été traumatisés et ceux qui ne l'auraient pas été, entre ceux qui auraient pu entrer dans le dispositif et ceux qui ne l'auraient pas pu.

Les zones de solidarité sont des zones qui créent un droit. On ne pouvait pas agir au cas par cas. Avec le recul, je pense que la démarche adoptée était la bonne – même si la dénomination « zones noires », du fait de son ambiguïté, a pu faire naître des difficultés.

Ceux qui ne souhaitent pas vendre à l'amiable leur bien à l'État rentrent dans une procédure classique de droit public qui passe par une analyse des dangers, laquelle ne peut se faire qu'au cas par cas.

D'autres problèmes – de densité, de mitage, d'isolement – vont de toutes façons se poser. On devine bien que ce n'est pas simple, d'autant que certaines zones nécessitent des travaux de sécurisation complémentaires.

Dans deux ou trois ans, on pourra sans doute adapter le dispositif en tirant les leçons de ce qui a été fait. Cela dit, j'observe qu'à l'heure actuelle 300 familles (279 il y a dix jours) ont souhaité bénéficier de cette mesure de solidarité. On appréciera ensuite, au cas par cas, les zones de risques.

L'exercice consistant à analyser les zones de risque est, par nature, très difficile pour les experts. On leur demande de dire qu'à tel endroit il n'y a pas de risques mortels et qu'il n'y en aura plus jamais, quelles que soient les conditions futures, que l'on ne connaît pas.

La tempête Xynthia constitue un événement exceptionnel. Cela dit, on observe que les incidents climatiques se sont multipliés et aggravés en Europe en général, et en France en particulier : crues soudaines, précipitations, phénomènes délicats à expliquer. Je suis là avec l'humilité qui sied à une personne qui essaie de gérer une situation complexe.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion