Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Danny Ayalon

Réunion du 17 juin 2010 à 11h30
Commission des affaires étrangères

Danny Ayalon, vice-ministre israélien des affaires étrangères :

Je vous remercie pour ces propos aimables. C'est un honneur pour moi de prendre la parole devant les représentants du Peuple français, car nous les Israéliens, considérons notre pays comme la « petite France » du Moyen-Orient, sur le plan de la démocratie et de la vie politique, et nous admirons vos réalisations. Nous sommes un peuple très ancien qui a été longtemps coupé de sa terre et qui construit à nouveau son pays depuis 63 ans. C'est un pays jeune qui s'efforce de se conduire selon un modèle européen et français.

En ce qui concerne notre politique étrangère, Israël a toujours voulu la paix, non pas seulement par choix stratégique mais surtout par obligation morale. Pour preuve, vous n'avez qu'à regarder ces trente dernières années au cours desquelles nous avons fait la paix avec deux de nos grands voisins, l'Egypte et la Jordanie, avec lesquels nous sommes toujours en paix. Nous aimerions bien obtenir le même résultat avec nos autres voisins.

Nous sommes parfaitement conscients que chacun a droit à sa terre nationale et nous comprenons très bien qu'il y a près de nous un autre peuple qui a droit à la reconnaissance et à sa terre. Aujourd'hui, le consensus est total entre tous les partis israéliens sur la solution des deux Etats vivant côte à côte dans deux pays, en sécurité, où comme en Europe la libre circulation sera la règle.

C'est pour cela que nous avons lancé le processus d'Oslo en 1993. Il a connu des hauts et des bas, bien sûr, mais notre stratégie est toujours la même. Il ne tient qu'à vous d'étudier attentivement les différences entre 1993 et aujourd'hui et vous constaterez alors combien la position d'Israël a évolué.

En 1993, il n'était pas naturel de donner une terre à Yasser Arafat, comme il n'était pas naturel que l'armée israélienne évacue Gaza quelques années plus tard. Ensuite, les Intifada ont beaucoup ralenti le processus. Mais le peuple d'Israël a été éduqué par l'histoire et il a beaucoup évolué ; aujourd'hui il est plus disposé aux concessions car il sait que nous sommes condamnés à vivre aux côtés des Palestiniens.

En revanche, la position palestinienne n'a pas évolué. Toute leur stratégie est axée sur un refus de la paix. Nous sommes prêts à parler ensemble, directement, mais ils refusent les négociations directes. De notre côté, toutes les implantations sont arrêtées, nous avons fait d'importantes concessions sur le terrain mais le terrorisme n'a toujours pas été éliminé. Nous voulons pourtant continuer à prendre des risques pour négocier la paix.

Il y a hélas d'autres acteurs dans la région qui nous créent des difficultés. L'Iran a tout fait pour saboter la paix. Le Hamas, qui est l'ennemi de l'Autorité palestinienne, représente les intérêts de l'Iran dans la région et la Syrie se range également au côté de l'Iran.

Venons-en à cette affaire de la flottille dont on dit qu'elle cherchait seulement à briser le blocus de Gaza. Mais il faut savoir que ce blocus est légal sur le plan international, qu'il a été établi en conformité avec les règles des Nations Unies.

L'abandon de notre présence militaire à Gaza par Ariel Sharon a été à l'origine d'un débat très houleux en Israël, qui aurait même pu dégénérer en guerre civile. Nous espérions, en nous retirant de Gaza que se produirait un changement de paradigme énorme : que les Palestiniens mettrait en place un Gouvernement responsable qui ferait de Gaza une vitrine pour le monde entier et que l'on pourrait y faire les mêmes progrès qu'en Cisjordanie.

Mais c'est le Hamas qui en a pris le contrôle, par un coup d'Etat contre l'Autorité palestinienne. Or le Hamas est une organisation terroriste, reconnue comme telle partout dans le monde et particulièrement en Europe et en Amérique du Nord, qui a tiré plus de 12 000 roquettes et bombes contre Israël. Nous avons pourtant cherché à parler avec eux, avec l'aide du Quartet, et nous leur avons proposé de les considérer comme un interlocuteur légitime à condition qu'ils reconnaissent Israël, qu'ils acceptent le processus de paix et rejettent le terrorisme. Ils ont tout refusé en bloc.

Dans ces conditions nous n'avons fait qu'appliquer l'article 52 de la Charte des Nations unies et nous avons mis en place un blocus pour arrêter les armes. En contrepartie nous avons distribué ou laissé passer plus d'un million de tonnes d'aide humanitaire. Cette flottille n'avait donc aucune raison d'être puisqu'il n'existait pas de problème humanitaire particulier.

Nous étions pourtant prêts à recueillir le matériel et à l'acheminer nous-mêmes vers Gaza. Un navire irlandais qui est arrivé après la flottille a bien accepté notre contrôle et tout s'est bien passé. La flottille elle-même comprenait six navires, dont cinq ne posaient pas de problèmes. Seul un navire turc a posé problème ; il était affrété par l'organisation IHH, qui a des liens connus avec le Hamas et dont le juge Bruguière sait comment elle a encouragé le terrorisme. Aux côtés des 600 militants pour la paix, que nous qualifierons de bonne foi et qui occupaient les ponts inférieurs, se trouvaient 85 terroristes qui tous occupaient le pont supérieur.

On nous a accusé d'avoir eu recours à une force disproportionnée mais au départ nous avions seulement prévu des balles de peinture ! Ce n'est que parce qu'ils étaient confrontés à un accueil agressif et très violent que nos militaires ont eu une réaction naturelle d'autodéfense. Il est très regrettable qu'il y ait eu neuf morts, mais nous considérons qu'il s'agissait de voyous provocateurs.

Nous sommes confrontés à une politique qui vise à renforcer le Hamas et les extrémistes et à affaiblir les forces modérées. Je suis là pour entendre vos propositions afin d'isoler les extrémistes, de calmer le jeu et d'expliquer à tous que cette flottille n'était pas la meilleure façon d'obtenir la levée du blocus de Gaza.

Nous sommes prêts à laisser entrer davantage de produits à Gaza, mais nous voulons empêcher l'arrivée des armes et des matériaux illégaux. Gaza doit changer de politique, et cela ne se fera que sous la houlette de l'Autorité palestinienne.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion