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Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Réunion du 9 juin 2010 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

J'associe à mon intervention notre collègue Yvan Lachaud, spécialiste de ces questions dans notre groupe. Il y a bien longtemps que l'élève qui fait l'école buissonnière et que l'on va gentiment chercher pour le ramener sur les bancs de la classe n'est plus qu'une image d'Épinal dans notre pays : le devoir d'assiduité scolaire n'est plus perçu parmi certaines populations, et pas seulement dans les quartiers populaires. Je suis stupéfait que certains pensent que c'est le problème de l'école elle-même. Pour avoir été chargé de ces questions dans certains établissements de la Seine-Saint-Denis, je souhaite témoigner ici que les chefs d'établissement, pas plus que les conseillers principaux d'éducation ou les surveillants, n'ont quelque moyen que ce soit d'obliger les parents à prendre contact avec eux pour tenter de faire revenir un enfant à l'école – je me souviens des multiples appels, télégrammes et courriers recommandés avec accusé de réception demeurés sans réponse… Certes, tout élève absentéiste n'est pas nécessairement un délinquant mais, lorsqu'à douze ou treize ans, il traîne dans la rue au lieu d'aller à l'école, il risque, hélas, d'y rencontrer des personnes l'entraînant dans une mauvaise voie. L'école ne peut pas régler seule le problème.

Il est déjà possible de demander la suspension des allocations familiales après quatre demi-journées d'absence non justifiées en un mois – en pratique, ce n'est souvent signalé à la caisse d'allocations familiales qu'après vingt demi-journées d'absence, soit deux semaines – et si cette suspension ne règle pas tout, loin de là, cela permet au moins de remettre la main sur la famille et de renouer un contact. Ce n'est certes pas adapté à tous les cas, mais il ne faut pas se priver de cette possibilité. Le dispositif en vigueur jusqu'à présent, lequel ne reposait que sur la sanction, mériterait, lui, la plupart des critiques que j'ai entendues de la part de certains collègues. Celui qui nous est aujourd'hui proposé est beaucoup plus équilibré. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai cosigné cette proposition de loi qui ne vise pas simplement à supprimer les allocations familiales, mais à imposer un contrat de responsabilité parentale permettant de rétablir un dialogue qui s'est rompu. Je n'ignore pas que les difficultés sociales sont le plus souvent à l'origine de l'absentéisme scolaire et de la démission de certaines familles, totalement dépassées – peu, encore qu'il y en ait, se désintéressent sciemment de leurs enfants. Le CRP, hélas trop peu appliqué, est un moyen de les aider. Certains départements, heureusement, l'ont mis en place, avec des résultats encourageants. Trêve de discours théoriques, allons aux faits : un élève qui décroche de l'école et dont la famille ne réagit pas doit voir sa famille, de manière plus éducative et moins administrative que par le passé, alertée et aidée. Que pèse la contrainte qui peut en résulter en apparence pour la famille face aux conséquences à long terme de l'absentéisme scolaire ? Il ne s'agit pas de retirer une satisfaction morale de punir une famille défaillante en lui supprimant une aide publique mais de trouver le moyen de renouer le dialogue afin que l'enfant revienne à l'école. Je suis toujours surpris, bien que je sois habitué à ce type de discours dans mon département, que l'on craigne de stigmatiser les familles. Pour moi, la véritable stigmatisation, c'est celle qui attend le gamin qui a déserté les bancs de l'école et se retrouve en échec total pour toute sa vie, ce qui coûte très cher à notre société. Tout dispositif permettant d'éviter une telle exclusion mérite d'être renforcé.

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