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Intervention de Pascale Crozon

Réunion du 11 mai 2010 à 15h00
Respect des valeurs républicaines — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascale Crozon :

Monsieur le président, madame la garde des sceaux, mes chers collègues, si l'on ne devait retenir qu'un seul critère pour évaluer le degré d'avancement démocratique d'une nation, nul doute que la place qu'elle réserve aux femmes serait le plus pertinent et le plus universellement fiable.

Je vous invite, pour vous en convaincre, à revenir une année en arrière et à relire le document préparatoire que proposaient notamment la Libye, Cuba et l'Iran à l'occasion de la conférence des Nations unies sur le racisme, dite « Durban II », et dans lequel on apprenait par exemple que la polygamie, le maintien des femmes dans leur fonction maternelle et la pénalisation de l'adultère féminin visaient à protéger les femmes, tandis que les civilisations occidentales et le féminisme les avaient réduites au rang d'objet sexuel et étaient responsables de la pornographie, de la prostitution, des viols et même de l'homosexualité.

Libye, Iran, Cuba, trois pays qui diffèrent profondément de par leurs cultures, leurs structures sociales et politiques ou leurs conceptions religieuses, mais qui se retrouvent dans un même combat contre l'universalité des droits des femmes et donc leur émancipation, émancipation qui, dans notre pays, a été un combat long et difficile. Olympe de Gouges, Flora Tristan, Louise Michel, Simone de Beauvoir et bien d'autres ont permis par leurs combats qu'il y ait des avancées et que l'on bénéficie aujourd'hui d'une égalité de droit. Pourtant, l'égalité entre les femmes et les hommes demeure un acquis fragile, dont la remise en cause est souvent le premier signe d'une régression démocratique.

Refuser le cantonnement des femmes à la sphère privée, leur dissimulation dans l'espace public, leur soumission à leurs pères, frères ou époux, ce n'est donc pas stigmatiser telle ou telle communauté nationale, culturelle, ou religieuse, mais c'est affirmer, parce que nous sommes démocrates, parce que nous croyons aux droits universels, que l'égale dignité des femmes et des hommes ne peut souffrir aucune exception ou barrière, ni au nom du respect de la vie privée ni au nom d'un relativisme culturel ou prétendument religieux. Considérer que les droits des femmes sont à géométrie variable selon les cultures, c'est s'opposer à l'universalité des droits humains.

En France, le principe qui fonde et garantit l'égale dignité entre les hommes et des femmes s'appelle la laïcité, non que la loi de 1905 ait directement consacré leur égalité – chacune et chacun sait que les combats pour obtenir le droit de vote, le droit d'exercer une activité rémunérée, le divorce, la contraception ou l'avortement se sont poursuivis sur plusieurs décennies et que d'autres combats continuent, comme ceux pour l'égalité salariale et la parité, entre autres dans cet hémicycle –, mais la séparation des églises et de l'État, en désacralisant le champ politique et social et en affirmant la liberté de conscience du citoyen, a permis une profonde évolution des relations entre les sexes, sans laquelle ces réformes n'auraient sûrement pas pu être conduites.

La laïcité n'est donc pas une condition suffisante de l'égalité, mais elle en est une condition nécessaire. Elle est indissociable du combat féministe, et il ne fait aucun doute que chaque recul sur la laïcité conduira à un recul sur les droits des femmes.

J'ai été très choquée par le discours du Président de la République à Latran (Protestations sur les bancs du groupe UMP)…

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