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Intervention de Marie-Odile Bouillé

Réunion du 11 mai 2010 à 15h00
Respect des valeurs républicaines — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Odile Bouillé :

…et de distraire l'attention des Français des vrais problèmes qui se posent à notre pays.

C'est un sujet qui nécessite un consensus le plus large possible et une proposition de loi conforme à l'intérêt général. Cette résolution dont nous débattons doit nous permettre de réaffirmer ensemble notre refus que les principes fondamentaux du pacte républicain soient bafoués par des pratiques radicales que d'aucuns considèrent relever de la foi.

Notre République est laïque. Laissons donc aux religieux le soin de dire si cette pratique est oui ou non compatible avec leur dogme. Faisant cela, nous gagnerons sur les deux tableaux : nous éviterons ainsi de stigmatiser une religion et de faire un amalgame avec le fondamentalisme religieux, La seule question qui se pose à nous est de savoir si le port du voile intégral est compatible avec nos principes fondamentaux républicains.

Qu'un homme impose le port du voile intégral à une femme est contraire à nos principes. C'est un enfermement que ni la culture ni la tradition ne peuvent justifier. C'est une remise en cause de la dignité humaine, de la liberté individuelle et du droit d'exister par le regard des autres. Pour une femme forcée d'être voilée, l'enfer, ce n'est pas les autres, c'est son propre corps, enfermé, caché, enterré.

De la même manière, nous ne pouvons accepter que des hommes interdisent à des femmes de suivre des soins à l'hôpital car le médecin est un homme. Le respect de la dignité humaine n'est pas négociable, ni dans la rue, ni dans les services publics, ni à l'école, ni à la maison.

Il y a trois mois, mes chers collègues, nous votions la clause de l'Européenne la plus favorisée. La loi que notre parlement adoptera doit être construite aussi dans l'objectif d'enrichir ce corpus européen, afin d'élever les droits fondamentaux des femmes. Cela justifie que nous prenions le temps de trouver un consensus entre nous, que nous menions cette réflexion en dehors de tout calcul électoraliste, que nous recherchions les dispositifs législatifs capables de résister à l'examen du Conseil d'État et de la Cour européenne des droits de l'Homme. Tout échec de notre entreprise sera la victoire de ceux qui veulent attaquer les valeurs républicaines. Ne les laissons pas faire.

Le combat pour la défense de la dignité de la femme est toujours inachevé. Il y a trente ans, nous nous battions pour avoir le droit de disposer de notre corps. Aujourd'hui, nous devons reprendre les armes, dans un contexte bien différent, il est vrai, pour toutes celles qui n'ont pas la chance de connaître ou d'avoir connu le droit à l'émancipation. C'est notre devoir, c'est le devoir de la République. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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