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Intervention de Frédéric Mitterrand

Réunion du 4 mai 2010 à 15h00
Questions au gouvernement — Film "hors-la-loi"

Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication :

Monsieur le député, contrairement à ce que l'on dit, les événements tragiques de Sétif sont connus. De nombreux historiens les ont relatés à travers livres et documentaires de télévision. Les débats sur le drame de la guerre d'Algérie sont sains. Ils nous aident à reconstituer une trame essentielle de notre passé récent. Ces débats se nourrissent de l'histoire des faits réels tels qu'ils se sont déroulés, mais aussi de l'histoire telle qu'on se la raconte dans la mémoire des familles. L'histoire des faits doit évidemment l'emporter dans une vision objective propice au travail de réconciliation, mais elle inclut l'histoire telle qu'on la raconte.

Le Président de la République lui-même s'est exprimé très fortement sur cette question. Je le cite : « Les blessures profondes que les tragédies de l'histoire ont laissées dans l'âme du peuple algérien, je les connais. Le déferlement de violence qui tua tant d'innocents dans la région de Constantine était le produit de l'injustice que, depuis plus de 200 ans, le système colonial avait infligée au peuple algérien. »

Hors-la-loi, coproduction internationale entre quatre pays, suscite une controverse qui s'ouvre dans cette atmosphère. La France, l'Algérie, la Belgique et la Tunisie, qui l'ont coproduit, ont entraîné la sélection de ce film sous le drapeau algérien au Festival de Cannes. J'observe que la plupart de ceux qui en parlent ne l'ont pas vu. Je le verrai moi-même très prochainement pour me forger une opinion. Les historiens feront aussi ce travail d'analyse, même s'il s'agit d'un film de fiction. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) J'observe qu'un scénario n'est pas un film et, jusqu'à présent, les avis formulés sur le film reposent sur une version du scénario, non sur le film lui-même, qui a d'ailleurs été, semble-t-il, plusieurs fois retravaillé.

En tout état de cause, la douleur des victimes, de toutes les victimes, appelle et impose le respect. La liberté de tous n'est pas en conflit avec le devoir de mémoire. Aujourd'hui, le cinéma contribue à sa façon au devoir de mémoire, comme l'a fait récemment encore le film La Rafle, et comme l'ont fait ces dernières années de nombreux films consacrés à la guerre d'Algérie. Tout le reste n'est qu'allégations qui contribuent à aggraver le climat d'un débat qui devrait être salutaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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