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Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Réunion du 3 mai 2010 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2010 — Article 3 et état b, amendement 36

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

Notre collègue Charles de Courson a mis le doigt sur le point clé. À minuit et demie, dans un hémicycle un peu vide, nous débattons, quand même, de sommes extravagantes. Comment pouvez-vous demander aux Français un effort sur les retraites, à hauteur de plusieurs milliards d'euros – un effort que je crois légitime –, et en même temps, dans une seule soirée, engager la France pour des montants aussi extravagants, et le faire sans exiger aucun esprit de responsabilité des banquiers que vous couvrez ? C'est impensable. C'est alimenter la défiance de l'opinion publique à l'égard de l'ensemble de la classe politique. Ce n'est pas simplement la question de la droite ou de la gauche. Faut-il attendre que l'abstention atteigne 80 % des inscrits ? Faut-il attendre des protestations populaires ? Sentez-vous l'écoeurement qui monte dans le pays ? La décision que vous prenez aujourd'hui participe de cet écoeurement. Après, il ne faudra pas se plaindre, quand vous verrez certains partis, notamment extrémistes, faire toujours plus de voix aux élections. Il ne faudra pas se plaindre, surtout que le PS et l'UMP sont totalement solidaires, dans cette affaire. Vous couvrez quelque chose d'inacceptable.

Pour moi, comme pour M. de Courson, même si nous ne sommes pas du tout d'accord sur l'avenir de l'Union européenne, il n'y a pas de libéralisme sans esprit de responsabilité. Et il n'y a pas d'esprit de responsabilité sans un minimum de respect, par des intérêts privés, de l'autorité de l'État. Or, ici, c'est l'autorité de l'État qui est bafouée.

Le tour de passe-passe est clair. Vous allez réduire les créances des banques sur la Grèce, mais qui restera créancier de la Grèce ? Ce sont les contribuables. C'est cela, la réalité. Que dit M. de Courson, très limpidement ? Que vous allez réduire les créances des banques, et qu'ensuite, puisque vous savez très bien, au fond de vous-mêmes, qu'il y a une très forte probabilité pour que la Grèce ne puisse pas honorer ses dettes, le rééchelonnement aura lieu. Mais les banques n'y participeront pas. Vous aurez protégé les créances bancaires, et ce sont les contribuables français qui se retrouveront, dans un, deux, ou trois ans, à devoir rééchelonner la dette. Il est là, le tour de passe-passe inacceptable qui est devant nos yeux. Et je ne vois pas au nom de quoi les dirigeants européens n'auraient pas pu convoquer les banques engagées sur la Grèce pour faire un tour de table permettant au moins de partager le fardeau.

Voilà pourquoi le débat de ce soir est extrêmement important et extrêmement grave pour l'avenir de notre pays, ainsi que pour la crédibilité des autorités politiques.

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