Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 3 mai 2010 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2010 — Article 3 et état b, amendement 36

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

Monsieur le président, c'est la providence qui nous envoie Charles-Amédée de Courson. Que dit-il, sinon ce que nous disons nous-mêmes depuis le commencement de ce débat ? Et il le dit avec des chiffres encore beaucoup plus précis que les miens. Moi, j'en étais resté à la conviction que tout ce plan n'était pas au bénéfice des Grecs, mais des créanciers. Et que nous dit Charles-Amédée de Courson ? Que 50 % des sommes vont aller directement aux banquiers. Je remercie notre collègue pour sa contribution à notre démonstration.

Si nous étions les seuls à dire cela, les journalistes pourraient croire que c'est un point de vue a priori. Or la démonstration que vient de faire notre collègue est imparable. Quand il y a un sinistre, que se passe-t-il, du moins lorsque nous n'avons pas un gouvernement qui s'empresse de jouer le rôle de saint-bernard en se portant à la rescousse des actionnaires des banques ? Eh bien, les banquiers, pour ne pas tout perdre, se mettent à table pour trouver un compromis et renoncent à une partie de leurs actifs, sur la base d'une négociation. C'est là quelque chose d'extrêmement banal.

Mais nos banquiers, soutenus avec ardeur par le Gouvernement, sont inflexibles. Et cela ne date pas d'aujourd'hui. Écoutez plutôt, chers collègues, vous allez être édifiés : « La finance française domine également à Athènes. Ce n'est certes pas sans de vigoureuses empoignades, notamment avec le concurrent allemand qui, du premier rang qu'il tenait, est passé au quatrième. La Grèce est déjà fortement endettée et en état de semi-banqueroute lorsque, en 1897, elle attaque l'Empire ottoman. Battue, elle est sauvée du désastre par les puissances qui imposent la création, en 1898, d'une Commission financière internationale de contrôle. » Cela ne ressemble pas à ce qu'on nous propose ? « À partir de cette date, tandis que de nombreux titres passent d'Allemagne en France, des banques anglaises sont les partenaires privilégiés du groupe français qui s'active à Athènes. » Et qui est dans ce groupe français ? Écoutez bien, mes chers collègues : le Comptoir national d'escompte – le grand-père de la BNP –, la Société Générale, le Crédit Lyonnais.

Le texte que je viens de vous lire relate des faits qui se sont produits en 1914 et les années précédentes. Vous voyez qu'il y a des constantes dans l'histoire du grand capital. Mais il y a une différence. À l'époque, les Français portaient cela à la pointe des baïonnettes. Aujourd'hui, la guerre économique se mène autrement, mais toujours au bénéfice des mêmes intérêts. Vous trouverez ce texte dans un livre excellent intitulé La France impériale.

Je conclurai avec cette phrase, un peu plus bas : « En 1914, le capital français a une situation dominante, qui trouve son répondant dans l'influence du représentant français à la Commission financière internationale installée à Athènes. »

Quelle est la situation, aujourd'hui ? Le premier créancier de l'État grec, ce sont les banques françaises. Comme quoi, il y a des constantes, dans l'histoire.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion