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Intervention de Christine Lagarde

Réunion du 3 mai 2010 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2010 — Discussion générale

Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi :

Nous le souhaitons tous, et je crois qu'il ne faut pas procéder à des assimilations ou des comparaisons auxquelles les chiffres ne donnent pas de fondement.

Certains d'entre vous ont également évoqué la situation des banques grecques. Clarifions ce point : sur les 110 milliards d'euros de l'enveloppe du plan qui nous a été proposé hier par la Commission et par le Fonds monétaire international, 10 milliards d'euros ont été identifiés spécifiquement pour être éventuellement utilisés à recapitaliser les banques grecques. Lorsqu'on affirme qu'il s'agit d'un plan de sauvetage des banques, c'est donc faux. Simplement, selon le Fonds monétaire international et la Commission, je le répète, sur 110 milliards d'euros, 10 milliards d'euros peuvent être spécifiquement alloués à des programmes de recapitalisation des banques grecques.

Vous avez été nombreux à proposer des modifications pour l'avenir, à évoquer ce qu'il faut changer en matière de gouvernance économique. À ce propos, certains d'entre vous, qui avaient lu l'interview que j'ai donnée au journal Le Monde, ont eu l'extrême amabilité d'y faire référence. Je suis convaincue que les travaux de la Commission, dont les résultats seront l'objet d'une communication qui nous sera soumise avant la fin du mois de mai, et ceux du groupe de travail présidé par M. Van Rompuy, qui devront être remis avant la fin de l'année 2010, nous permettront d'y voir un peu plus clair, à la fois en matière de gouvernance, c'est-à-dire en matière d'articulation des différents organes entre eux, et en matière d'autorité supplémentaire conférée aux pays membres formant l'Eurogroupe, en vertu de l'article 136 du traité de Lisbonne qui permet de mieux organiser les relations entre les États membres de l'Eurogroupe, ce qui n'était évidemment pas prévu par le traité de Maastricht. Cela nous permettra aussi, on peut l'espérer, de développer le pacte économique liant les pays utilisateurs de cette monnaie unique et commune.

Pour ma part, outre des convergences en matière de politique économique, outre l'existant – engagements de stabilité et de croissance définis par un certain nombre de paramètres, parmi lesquels on peut évidemment retenir ceux concernant le déficit et le rapport de la dette au PIB – j'appelle de mes voeux l'impératif rapprochement des compétitivités des économies, notamment entre les pays les plus compétitifs, comme l'Allemagne, et les pays les moins compétitifs, notamment l'Irlande, le Portugal et la Grèce, pour qui la situation est beaucoup plus difficile.

Voilà donc un certain nombre d'améliorations que l'on peut espérer à la suite de la communication de la Commission et des travaux du groupe de travail présidé par M. Van Rompuy, ledit groupe ayant en outre mission de prescrire un certain nombre de modifications juridiques sans pour autant remettre en cause le traité tel qu'il existe aujourd'hui.

L'un d'entre vous – je crois qu'il s'agissait de M. Dupont-Aignan – a évoqué d'autres pays, comme si aucun autre pays n'avait jamais pris de mesures structurelles de fond pour améliorer sa situation après une phase de déflation durable. Rappelons-nous la Corée du Sud, à la fin des années 1990, la Suède au début des années 1990, la Belgique, plus récemment, l'Irlande, tout dernièrement. Chacun de ces pays aurait pu passer par une phase de déflation grave, éventuellement de récession ; ce ne fut le cas d'aucun. Chacun, en revanche, a mené des réformes structurelles en profondeur. Ces pays ont rétabli leur compétitivité et retrouvé une croissance qui leur a permis de rétablir leurs finances publiques. Je pense particulièrement à la Corée et à la Suède.

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