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Intervention de Gilles Carrez

Réunion du 3 mai 2010 à 18h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2010

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Carrez, rapporteur général de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

général. Ce n'est donc pas négligeable du tout.

D'autres suggèrent que la Grèce quitte l'euro. Ce serait faire preuve, de la part de notre famille européenne qui s'est construite notamment autour d'une monnaie unique pour la zone euro, de beaucoup de cynisme car la Grèce, si elle quittait la zone euro, subirait une crise majeure.

C'est vrai, ce que nous demandons aux Grecs est difficile, mais le départ de leur pays de la zone euro se traduirait pour eux par une baisse instantanée de probablement 30 % ou 40 % de pouvoir d'achat. La dette grecque est considérable et elle est libellée en euro. Comment voulez-vous qu'un État, sortant de l'euro, puisse, même à coups de dévaluations, faire face à une dette aussi monstrueuse ? Des précédents existent, je n'ai pas le temps de les évoquer. Ce serait en tout cas faire preuve, de notre part à nous, Européens, d'un égoïsme total à l'égard d'un membre de notre famille qui se trouve en difficulté.

Pour autant, dès lors que nous intervenons, il faut demander des contreparties, comme le prévoit le plan proposé par le Gouvernement. Ce plan a été ajusté hier de manière très importante. Plutôt que de le borner sur la seule année 2010 et pour un montant de soutien initialement prévu à 45 milliards d'euros – 30 milliards de la part des États européens, 15 milliards du FMI –, il a été décidé de proposer un plan plus massif et surtout avec une visibilité plus grande, jusqu'en 2012, ce qui permettra à l'État grec de ne pas se préoccuper de liquidités dans les deux prochaines années pour se consacrer au seul problème graduel du redressement.

Un parallèle pourrait s'établir avec le plan de sauvetage de financement de l'économie décidé par le gouvernement français à l'automne 2008. J'avais été frappé, madame la ministre, par les montants extrêmement importants que vous aviez mis en place en termes de refinancements garantis par l'État. Nous avons pu mesurer combien votre décision avait été judicieuse car, grâce à cette assurance de liquidités sur le marché, la contrainte s'est peu à peu desserrée. Au final, les montants consentis n'ont pas été utilisés dans leur totalité – nous en étions même très loin – car les marchés de financement normaux se sont réouverts. Cette option prise par rapport à la Grèce est très bonne.

Cette démarche est concertée, collégiale d'une certaine manière, entre l'Europe et le FMI, ce qui est une très bonne chose. Il faudra veiller, comme vous venez de le dire à cette tribune, madame la ministre, à ce que les conditions de financement soient comparables entre le FMI et les États européens. Le FMI intervenant en taux variable, il est assez normal que l'État grec souhaite de son côté des taux fixes, ce que les États européens appliqueront.

Il est clair que l'intervention du seul FMI aurait été une marque de suspicion, de défiance, à l'égard de la zone euro. À l'inverse, l'intervention du FMI en accompagnement apporte une certaine crédibilité sur le plan international et sur celui de l'expertise. La pratique que le FMI a de ces questions lui permettra d'être bien armé dès lors qu'il s'agira de suivre de près les mesures difficiles que l'on demande à l'État grec de prendre.

Quelles sont ces mesures ? Puisqu'il s'agit d'une crise de finances publiques, elles portent bien évidemment sur des dépenses publiques et des recettes publiques.

S'agissant des dépenses publiques, les pensions des fonctionnaires de l'État grec sont en première ligne puisque c'est en ce domaine que des ajustements peuvent être opérés. Il en va de même des prestations sociales.

Concernant les recettes, l'on peut être un peu plus confiant. Vous le savez, l'économie grecque est en grande partie souterraine.

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